seuEdwy Plenel était invité le 8 décembre 2022 par Thierry Kuhn président d’Emmaüs Mundo au Marché de Noël Off. Une occasion de plus de rappeler, dans ce marché solidaire, les points qui pêchent autour du social, du journalisme, mais aussi de relever les avancées, les luttes et les défis face aux droits bafoués. Ceux de BOUGER (les migrations sont au coeur des préoccupations de tous deux) en premier, Edwy Plenel les évoquera à plusieurs reprises. Thierry Kuhn témoignera également des valeurs partagées. Ils raconteront quelques unes de leurs actions. C’est donc un tour d’actualité au regard du social, de l’argent public et du bien commun français et mondial que nos deux compères nous offriront.
Sommaire
- 1 Deux acteurs sociaux qui s’apprécient
- 2 Edwy Plenel retrace l’histoire de Médiapart
- 3 Le secret des affaires cache la piraterie financière
- 4 Désobéissance civile
- 5 Les masques sont tombés
- 6 La sobriété par Emmaus
- 7 L’action écologique ?
- 8 La question sociale
- 9 Questions de l’auditoire
- 9.1 Les oubliettes de l’histoire
- 9.2 On peut se battre
- 9.3 Un tribunal, des tribunaux
- 9.4 Les idées ne sont jamais venues d’en haut
- 9.5 Les guerres et les autres fronts
- 9.6 Parce que notre imaginaire n’était pas assez fort
- 9.7 Les jeunes pousses
- 9.8 On a tous rendez-vous avec la responsabilité qu’implique notre liberté
Deux acteurs sociaux qui s’apprécient
Thierry Kuhn : Président d’Emmaüs Mundo
Edwy Plenel : Président de Médiapart
Thierry : « L’année dernière avec Médialab, Edwy Plenel nous avait fait le plaisir de sa présence en visio. Nous nous connaissons depuis le début de Médiapart.
Cette invitation lui a été proposée en septembre lors de la visite d’Edwy au parlement.
Pourquoi Edwy Plenel, pourquoi Médiapart ?
Parce que dans les marchés de l’économie sociale et solidaire, nous sommes des auteurs de la société civile qui visons une autre économie, une autre société juste, écologique et égalitaire. Nous avons besoin d’une … plus indépendante et engagée. »
Edwy Plenel retrace l’histoire de Médiapart
[3:20] « Emmaüs Mundo et nous sommes des compagnons qui oeuvrons ensemble depuis quinze ans. »
Le journaliste ne doit pas être au-dessus des lecteurs
Son travail n’est pas un privilège, mais un service qui est un droit des citoyens et des citoyennes.
Notre travail est sous le regard de tout le monde, il y a un droit fondamental, celui qui préexiste à tout ce qui fait les débats politiques traditionnels. Il vient avant les institutions, avant le droit de vote, avant le gouvernement, avant la république, etc.
Le droit premier de l’égalité
Ce droit premier est l’égalité naturelle, car nous naissons en droit et en dignité inconditionnellement.
De ce droit découlent le droit de s’assembler, d’exprimer des opinions, de réfléchir ensemble.
Il ne faut pas qu’on se raconte des histoires
Mais, les journalistes répondent au droit de savoir. Il ne faut pas qu’on se raconte des histoires.
Les journalistes doivent produire des vérités de fait, factuelles, car nous ne devons pas être dans les nuages.
C’est ce qui nous permet d’inventer d’autres droits. Ce qui nous permet de discuter par exemple des lois sur les squatteurs, le droit au logement, de se déplacer, de ne pas être assigné à résidence, de ne pas être violenté, etc. Le journalisme est au cœur d’un essentiel (comme les piliers de la table).
Pour la transparence : « La publicité est la sauvegarde du peuple »
En premier lieu le droit de savoir (ce qui est d’intérêt public dont le seul propriétaire est le public lui-même).
Secret défense, secret des affaires, secret de la vie privée, sont des p;rétextes à ne pas informer, à se défausser de ce devoir.
Edwy Plenel a écrit un petit livre qui rétablit cette petite phrase oubliée : « La sauvegarde du peuple » (Presse, liberté et démocratie aux éditions La Découverte).
Quinze jours avant l’assemblée nationale des Droits de l’Homme, le quinze août 1789, Jean Sylvain Bailly premier maire de Paris, homme de transition), qui a été le président du tiers état et le premier président de l’assemblée nationale, décide qu’il faut afficher sur tous les murs de Paris la phrase suivante : « La publicité est la sauvegarde du peuple » (publicité non pas pub, mais information qui est d’intérêt public).
Cette formule sera là comme en exergue des premiers journaux révolutionnaires, en médaille sur les colporteurs de journaux.
En Belgique (île de Vervier), dans l’hôtel de ville de Vervier, figure encore cet encadré, à la place de notre « Liberté, égalité, fraternité », le laconique « Publicité, sauvegarde du peuple ».
L’histoire de cette proclamation, cela rejoint ce que fait Emmaüs tous les jours, puisqu’elle était en rapport à la denrée de base, le pain, de l’été 1889 qui connaissait une disette. La colère montait parce que les gens avaient faim. Or, il y avait des gens qui spéculaient, entre le blé, la farine au moulin et le pain chez le boulanger.
Ces affiches proclamatoires étaient une obligation de rendre publiques toutes les transactions. On ne devait pas pouvoir s’abriter derrière le secret des affaires !
Le secret des affaires cache la piraterie financière
Un film soutenu par Médiapart de Yannick Kergoat « La (très) grande évasion fiscale » déroule tout du long l’ampleur de l’évasion fiscale dans notre monde d’aujourd’hui.
L’inconséquence, voire la complicité de nos gouvernants, nous enlève cet argent, cette richesse détournée des nations, in-com-men-su-ra-ble (paradis fiscaux), d’autant plus faramineuse que l’informatique permet de faire ça à toute vitesse par des jeux d’écriture.
Ils cassent les hôpitaux, brûlent les écoles
Ces gens cassent les hôpitaux, brûlent des écoles, détruisent des routes, empêchent qu’il y ait du bien commun.
On peut faire des profits mais on doit donner à la société qui nous a permis de le faire.
Décision par Roosevelt : taxer au-dessus d’un million, on prend tout. On peut vivre avec un million.
Le taux d’imposition jusqu’aux années 1970 allait jusqu’à 91%. Roosevelt en 1937 : « Nous avons appris que l’argent organisé est aussi dangereux que le crime organisé ».
L’importance du participatif
Médiapart est un des rares médias entièrement financé par ses lecteurs, menant des enquêtes, des reportages, des mises en perspective, muni d’un club participatif.
Le slogan de Médiapart est « Seuls nos lecteurs peuvent nous acheter ».
Il coûte 5€/mois et 50/an, un prix qui a très peu augmenté.
Un journal c’est aussi l’accès libre
Le club participatif est en accès libre, ainsi que les vidéos. Avant-hier mardi Médiapart a organisé au 104 [s1] une soirée en solidarité avec le peuple iranien.
On trouve le lien de la vidéo de cette soirée sur Médiapart.
Le devoir d’enquêter, le courage de révéler. Le logo a repris une gravure du XIXème siècle, un gavroche, un gamin crieur de journal, malin, roublard.
Désobéissance civile
[20 : 30]Thierry Kuhn : « Emmaüs avait mené une action devant l’assemblée nationale de désobéissance civile au moment où Macron parlait du « pognon de dingue » (aides sociales) ».
Argent magique
Pendant que Macron dit « il n’y a pas d’argent magique madame ! », Bernard Arnaud devient l’homme le plus riche du monde. L’Europe a décidé (la cour de justice) la semaine dernière une régression terrible. Il y avait une bataille de la commission et du parlement européen contre ce secret bancaire, pour connaître les véritables ayant droits sur les registres des sociétés, dernièrement la cour de justice au nom de la vie privée (privacy), a annulé cette action.
[22 :45] Les registres du Luxembourg ont été fermés. Ce sont des dispositifs criminels.
À côté de ça, la fraude sociale, cent fois moins importante (les minimas sociaux) que la fraude financière, est régulièrement invoquée à l’encontre des ayant-droits de la société civile.
100 000 milliards d’euros, c’est incommensurable. Ce n’est supportable de laisser continuer ce monde-là.
Le monde de l’argent se pense respectable, mais va se mêler à l’argent de tous les crimes organisés qui aussi profitent de ces lieux de piraterie financière.
La presse en mauvaise posture
Thierry Kuhn : « La presse pose actuellement problème. Il y a une concentration à 90% de la presse appartenant à moins de 10 milliardaires[s1] . Comment en est-on arrivé là ? »
[25 : 00] Edwy Plenel : « Les trois dernières présidences ont accepté de ne rien faire et de laisser dériver, sur fond de crise, (celle du numérique qui déstabilise les médias crée de nouveaux défis) de laisser faire la généralisation[s2] (ce qui est une spécificité française) de la concentration de la propriété des médias privés, dans la logique oligarchique, car ces milliardaires ne sont pas des métiers de l’information. Ces mêmes milliardaires entretiennent des liens entre eux, parois des liens familiaux. Xavier Niel, principal actionnaire du Monde est, par exemple, le gendre de Bernard Arnaud. Ils font affaire actuellement avec Daniel Kretinsky dans le domaine des médias. Il y a concentration verticale mais aussi horizontale. Hubert Beuve Merry appelait « la presse d’industrie », quand des intérêts industriels achètent des médias. Ils ont forcément des bornes éditoriales du fait qu’il ne faut pas que leurs intérêts soient menacés, ni ceux qui défendent leurs intérêts.
La concentration verticale
Exemple à nouveau de Bolloré qui a fait fortune en exploitant les richesses africaines. C’est un monstre publicitaire (Havas) qui a un moyen de pression sur les équipes. (Des exemple concrets sont déclinés dans le film « médiacrash : qui a tué le débat public ?).
La concentration horizontale
C’est tout simplement posséder trop de médias, une situation de monopole et de domination, distribution comprise. Avec Mr Bolloré on voit les masques tomber.
Quand l’argent se sent libéré et sans frein, comme sa seule logique est l’argent et non le bien commun.
Les masques sont tombés
Les masques sont tombés avec la campagne présidentielle. Les chaines CNEWS ont fait tomber les masques de la haine, de la violation des droits de l’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme. De la remise en cause de ce qui doit faire tenir une société démocratique : l’égalité naturelle. Dire sur des médias de masse que nous sommes inégaux : les hommes sont supérieurs aux femmes, le choix de la sexualité, une religion supérieure à une autre, etc.
Parce que je suis européen, j’ai le droit d’avoir des esclaves.
Parce que je suis européen, j’ai le droit d’avoir des esclaves : les courants d’extrême droite veulent supprimer la pluralité, la diversité.
La ruse, c’est d’utiliser la liberté d’expression
La ruse, c’est d’utiliser la liberté d’expression (Elon Musk est proche de Trump) contre la connaissance.
« On a le droit de tout dire ! »
Au nom de la liberté d’expression il n’y a plus que des opinions (talk shows).
C’est mon opinion contre la tienne. Or, un écosystème démocratique devrait exister puisque nous nous sommes donné les moyens d’un débat informé, par la connaissance. Mais il y a l’impuissance, la complicité, l’irresponsabilité des pouvoirs publics.
La chaine herzienne est un bien public
Une chaîne hertzienne, il ne faut pas oublier que c’est un bien public, dont on donne concession à un privé.
Comment on ouvre la porte à l’enfer
Les discours de haine ont des conséquences. Les mots finissent par déclencher des actes. L’auteur de « La France juive », Édouard Drumont n’en reviendrait pas, à voir comment le préjugé s’installe, comment on ouvre la porte à l’enfer.
Radio Mille collines au Rwanda
Médiatiquement, le phénomène a existé : Radio Mille Colline au Rwanda (les Tutsis y était décrits comme des cafards). Les préjugés y ont été construits, en quelques semaines seulement.
On a demandé à la France : « Vous ne faites rien contre ça ? ».
Menace, intimidation, passage à l’acte par l’extrême droite
[39 : 30] Il y a aussi cette enseignante qui avait organisé une expérience, et réussi à recevoir pour son projet 4000€, pour poser la question à ses élèves : « Qu’est-ce qu’une enquête sociologique ? ». Cette enquête consistait en un travail de terrain, une rencontre à l’auberge des migrants, etc. Il y a eu un tel déferlement de haine qu’elle n’a pas pu continuer et se trouve à présent sous protection policière.
Pour Edwy Plenel « Il faut tenir les deux bouts »
Tenir les deux bouts : Exemple de Taha Bouhafs accusé d’abus par des femmes, c’est condamner les attaques racistes dont il a fait l’objet tout en relayant la parole des victimes de ces prédateurs, quels qu’ils soient. Edwy Plenel réfute le positionnement « campiste ». Il est pour voir tout, et en général, ne pas être indifférent.
Initiatives politiques protectrices du droit à l’information
Macron veut faire des « États généraux du Droit à l’Information ».
Il y a déjà un travail qui a été fait en Europe, comme la régulation des plateformes.
Média Freedom Act est une bataille essentielle.
La méthode de tuer le passé, tuer le présent
Poutine, deux mois avant d’envahir l’Ukraine décide qu’il faut tuer le passé. Il interdit le Mémorial issu d’un combat de l’organisation des Droits de l’Homme pour affronter les crimes du stalinisme. L’objectif étant de regarder la vérité de l’Histoire. Poutine n’approuve pas. Puis il s’occupe de tuer le présent en déclarant que ce n’est pas une guerre mais une opération spéciale. Il dissout l’union des journalistes. Ne reste plus que la vérité officielle, mensongère et pas indépendante. Pour les Russes, l’Ukraine est égale à nazi. Désukrainiser c’est dénazifier. On rend les peuples fous comme ça.
La sobriété par Emmaus
Thierry Kuhn : « On essaie de développer d’autres modèles. La sobriété ? Ce mot a été finalement prononcé par Macron et Elisabeth Borne, après l’épisode des Amish.
Mais bien sûr cette sobriété dans leurs discours est réservée aux plus pauvres, en les culpabilisant au passage, pendant que tous ces milliardaires exploitent les ressources de la planète. Médiapart a fait une tribune dans 30 journaux dans 20 pays : « Nous n’avons plus le temps d’attendre. Les pays riches représentent huitième du monde mais sont responsables des gaz à effet de serre ».
L’action écologique ?
Qui pollue ?
Edwy Plenel rappelle à qui il faut attribuer la responsabilité des plus importances pollutions et évoque
Michael Correya, l’auteur de « Les criminels du climatique » qui dénonce précisément les responsables du gaz à effet de serre. Ils sont 3 : Saudi Aramco, China Energy et Gazprom (Russie) (saoudien).
Ce sont des régimes autoritaires
Ces pollueurs, sans surprise, sont tous des régimes autoritaires. La Russie ne développe pas une économie. Il y a prévarications et confiscations par les oligarchies.
Thierry Kuhn : « Chez Emmaüs on met les mains dans le cambouis, on est ancrés sur la question sociale. Ce souci est diffusé dans toute la culture des centres d’Emmaüs. Les politiques ont globalement le discours suivant : il y a une question sociale, d’accord, mais ne m’embêtez pas avec les migrants, les problèmes de viols, l’écologie.
Emmaüs Mundo défend ce lien entre tout le monde et le tout vivant, réitéré s’il le faut par sa chère expression « Il faut tenir les deux bouts ». Pour illustrer sa vision, il cite une phrase d’Edouard Glissant : « Agis en ton lieu et pense avec le monde ». Une autre formule lui vient du père d’un certain Albert Camus : « Un homme ça s’empêche ».
Trois engagements forts
Il y a de nouveaux engagements dans ces trois registres que sont Metoo, l’écologie et les migrations, de la part de nouvelles générations qui posent les questions du futur.
Ça oblige à se mettre en cause et ne pas banaliser. Surtout à écouter.
La bataille des femmes
Cette révolution anthropologique qu’est la bataille des femmes est au cœur de notre espèce. Regardez l’Iran et la question des femmes. Ce n’est pas une révolution contre le voile mais contre l’imposition, l’obligation de s’habiller comme on ne veut pas.
Le slogan « FEMME VIE LIBERTE » vient des Kurdes. Plus généralement, ceux qu’on a tenus dans une minorité (ici les femmes) posent des questions qui concernent tout le monde.
Migrations
Ce n’est pas la misère du monde qui vient à nous, c’est la jeunesse du monde qui vient à nous.
Traverser des choses terribles pour s’inventer un futur.
À la phrase qui dit « Il faut d’abord aider les pays pour que les gens ne bougent plus », Edwy Plenel répond « Non ! On veut bouger. Nous aussi, et nous avons tous le droit de bouger ».
L’écologie qui pointe les causes
Dérèglement climatique : les COPs sont des grandes messes, des accords, des discussions, etc. Mais on n’affrontera pas le dérèglement climatique sans mettre en cause ceux qui font ce dérèglement. Médiapart va diffuser un documentaire de 4 heures prochainement qui montrera tout ce que fait TOTAL. Tout va être informé : en Afrique, les expropriations des paysans[s1] …
Cette exploitation des énergies fossiles elle est au cœur des dérèglements politiques actuels.
L’Arabie Saoudite ? C’est déjà un pays où une communauté religieuse sunnite est réprimée. Dans l’histoire, le clan Saoud a pris ce territoire pour le pétrole au moyen d’une guerre qui a fait 500 000 morts. Il est devenu le pays de Saoud, de la famille Saoud.
En 2001 le monde assiste à la destruction des tours jumelles à New-York. Ces attentats venaient aux 4/5 èmes de l’Arabie Saoudite. Pourquoi n’avons-nous pas demandé des comptes à la famille Saoud, et avons-nous (nous = la presque totalité des pays européens) préféré attaquer l’Irak ?
Trois causes, trois piliers
Il y a quelque chose de philosophique : hospitalité, violence faite aux femmes, écologie.
Il faut envisager les trois piliers sans être indifférent à aucun. Dès qu’on commence à être ça, on se replie.
Nous sommes en relation avant tout : avec une autre couleur de peau, etc.
L’écologie politique
L’écologie politique revient à sortir de la domination, de la puissance et de l’appropriation.
Les gens chez qui on s’est invités (par exemple l’Afrique), dont on a exploité les ressources, on ne veut pas les accueillir.
Thierry Kuhn le rappelle :
Les nouvelles générations écrivent le futur souhaitable.
Thierry Kuhn le rappelle : C’est la question du lien, c’est la question de la solidarité (Le conseil national de la résistance). Qu’on le veuille ou non, nous sommes solidaires les uns des autres (nous sommes solidaires de nos pollueurs comme de la nature). L’interdépendance est de fait.
Appel des solidarités (Abbé Pierre) avec les plus faibles, les plus discriminé.e.s, les migrants, les personnes handicapées, la planète, la génération future.
On ne peut pas s’appuyer sur des réponses comme la loi anti-squatt qui vient de sortir, sur laquelle on travaille avec Médiapart.
Appel des solidarités avec les plus faibles, les plus discriminé.e.s, les migrants, les personnes handicapées, la planète, la génération future.
On ne peut pas s’appuyer sur des réponses comme la loi anti-squatt qui vient de sortir.
Questions de l’auditoire
Nous, nous ne pouvons rien. Ne faudrait-il pas créer un tribunal national pour les politiciens de gauche qui ont prospéré sur la trahison ?
Réponse d’Edwy Plenel : C’est la question de « comment on tire l’échelle », comment on tourne cette page.
Les oubliettes de l’histoire
Je pense qu’il y a une justice transcendante, par notre action. La sanction c’est aussi que ces gens passent aux oubliettes de l’Histoire.
On peut se battre
En fait vous pouvez quelque chose, ne dites pas que vous ne pouvez rien. Nous on s’est battus, on a dit « On peut se battre ».
Les batailles judiciaires menées par Médiapart, mais aussi celle pour condamner la France pour son inaction climatique.
Un tribunal, des tribunaux
Les drames qui arrivent à d’autres posent la question de la justice pénale internationale. La cour internationale n’est pas reconnue aujourd’hui par trop de pays : les États-Unis, Israël. On a dû créer des tribunaux spéciaux pour ce qui s’est passé au Rwanda et en Yougoslavie. Pour ce qui se passe en Ukraine, on parle de créer à nouveau quelque chose de spécifique en terme de tribunal. Mais les états sont toujours des monstres froids.
Les idées ne sont jamais venues d’en haut
Moi je suis plutôt du côté du mouvement de la société. Les idées ne sont jamais venue d’en haut.
[1 :13 :40] À chaque fois c’est le mouvement de la société qui remue les choses : le travail des enfants, l’abolition de l’esclavage.. En 1830 Lamennais (Félicité Robert de La Mennais) écrit « L’esclavage moderne », 18 ans avant le manifeste communiste de Marx et Engels, pour dénoncer ce qui le scandalise.
Les guerres et les autres fronts
C’est une guerre coloniale que Poutine fait en Ukraine.
En même temps, il y a des convois syndicalistes occidentaux qui vont en Ukraine pour défendre le code du travail démantelé par Zelensky.
Parce que notre imaginaire n’était pas assez fort
Quel est le but de cette guerre ? Le régime russe est un régime dont l’évolution est terrifiante (identitaire, néo fasciste, anti LGBT…). C’est un régime qui veut se plaquer sur l’Ukraine. Pour empêcher les avancées du régime russe, pour faire tomber le nazisme, il faut un imaginaire supérieur. Tous les bords doivent se remettre en cause et s’y mette.
Pourquoi cela a été possible ?
C’est ça le tribunal : l’enjeu c’est qu’il y a des gens qui veulent ouvrir la trappe de l’enfer pour n’être plus aux oubliettes de l’histoire. Les moments de transition comme en ce moment, c’est le vieux monde qui s’accroche. Il ne voit pas plus loin que le bout de sa richesse. Le vieux monde est en train de mourir et il le sait. C’est pour ça qu’il est si violent. Mais il est condamné. Une violence sociale de classe.
Les jeunes pousses
[1 :20 :22] Mais le monde nouveau est plein de jeunes pousses, en Ukraine, en Iran, Metoo, désobéissance passive… Peut-être qu’il tarde à s’imposer et que, comme disait Antonio Gramsci : « dans cet entre-deux, ce clair-obscur, surgissent les monstres, phénomène morbides les plus variés ». Trump, Poutine, Musk.
On a tous rendez-vous avec la responsabilité qu’implique notre liberté
Mais moi je n’ai aucun doute que ce nouveau monde va finir par s’imposer. On a tous rendez-vous avec la responsabilité qu’implique notre liberté.
Les grandes avancées sociales écologique ce ne sont pas les décideurs qui les feront. Tout ce qu’on fait tous les jours, ça inspire, ça fait évoluer, même changer les lois. L’« Affaire du siècle » est un exemple parmi d’autres, Emmaüs avait attaqué l’État sur la situation à Calais, Cédric Herrou a contribué à abroger ce fameux « délit de solidarité ».
Il y a des droits fondamentaux comme celui de bouger. Selon l’Article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme(1).
(1)Article 13
- Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. 2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.