La vie des femmes diplômées en Afghanistan

Fazila Ozhen

de Valérie Dubach

Un récit de Fazila Ozhen, avocate militante des droits des femmes et ancienne professeure d’université à Kaboul, interviewée par le journaliste Amir Kausary1.

L’avocate en droit international Fazila Ozhen

Une professeure d’université afghane

Je suis Fazila Ozhen et j’ai 33 ans. Titulaire d’une maitrise de droit international, j’étais professeure d’université à Kaboul. Il y a deux ans je suis arrivée en France comme réfugiée politique.

Discrimination sexuelle

C’est comme des milliers de femmes tout au long de l’histoire que j’ai été victime de discrimination sexuelle. Car la discrimination fondée sur le sexe est la plus ancienne forme de discrimination au monde. Si, en fonction des cultures, elle prend différentes formes, en tant que femme, j’ai pu éprouver personnellement la discrimination fondée sur le sexe en Afghanistan. Cette discrimination m’a touchée, blessée même, profondément2.

Lutter contre la discrimination fondée sur le sexe

Dans mon pays j’ai eu l’occasion de créer une institution, dans un travail que je menais pour l’égalité entre les femmes et les hommes, et spécifiquement pour les droits des femmes. C’est dans le cadre de cette institution que j’ai organisé des programmes de sensibilisation pour les femmes, notamment à travers la promotion de textes de loi comme la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, mais aussi la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que d’autres lois.

Écrire pour la prise de conscience et la libération

Inconsciemment, c’est toujours sur les femmes et la privation des femmes que j’écris quand je prends le stylo. J’écris essentiellement sur la douleur d’être une femme et les difficultés de la féminité, consciente que dans différentes sociétés et à travers l’histoire, nous avons tous et toutes visé et tiré sur les femmes. J’écris donc sur la souffrance d’être une femme en Afghanistan et sur l’étrange tolérance que la société a toujours eue pour la discrimination, l’humiliation et la violence, dirigées contre la femme…

Parmi les articles que j’ai écrits sur les femmes, l’un d’eux intitulé « Femmes à moitié cachées de l’histoire », fut publié sur trois numéros successifs d’un mensuel. Ce long article mettait le focus sur les activités3 et les réalisations des femmes4, et sur le fait que les femmes ont elles aussi contribué à l’avancement de la science et à la Connaissance dans le monde. En effet, il m’a toujours semblé important de témoigner comment, malgré leur talent et leur courage, elles n’ont pas été bien accueillies. Pour appuyer mon action, j’ai aussi écrit un livre : « La responsabilité du gouvernement afghan envers la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ».

Abus au nom des femmes

En tant qu’avocate, j’étais bien placée pour savoir que le gouvernement afghan avait officiellement adhéré aux conventions mondiales sur les droits de l’Homme et les droits des femmes. Par la suite, nous avons constaté que le gouvernement ne faisait presque rien pour changer la situation des femmes.

J’en suis venue à penser que c’était surtout pour la légitimité internationale et l’aide mondiale que les dirigeants de l’Afghanistan ont adhéré à ces conventions pour les droits. Mais un peu moins pour les femmes afghanes, qui elles n’en ont pas bénéficié.

Une enfance afghane

Mes souvenirs d’enfance

Mon enfance s’est déroulée pendant la première période du régime taliban. Je ne suis allée à l’école que pendant un an, à huit ans. En 1998, lorsque les talibans ont envahi notre région, comme des milliers d’autres filles, j’ai été privée d’aller à l’école pendant deux ans. Mais moi, depuis que je l’avais vue sur une page de mes livres, j’avais toujours au fond de mon esprit cette photo d’une jeune fille tenant trois volumes dans ses bras. C’est depuis ce jour qu’est née en moi cette ambition d’aller à l’école, c’est-à-dire de prendre dans la photo la place de cette fille inconnue, mes livres dans les bras.

Les conséquences de la privation scolaire

Pendant ces deux années de privation d’école, mon intérêt pour l’étude s’est un peu perdu à mesure que je travaillais à la maison avec ma mère. Ma mère était illettrée et femme au foyer. Comme elle n’était pas quelqu’un qui pouvait m’aider aux devoirs, j’étais incitée à montrer mon sens de la responsabilité exclusivement dans ma capacité à devenir une bonne épouse et une bonne femme au foyer. Ces questions-là concentraient l’essentiel des préoccupations et des réflexions de toutes les filles du village.  

11 septembre

Les attaques terroristes du 11 septembre eux États-Unis ont changé notre vie à tous, en Afghanistan. Car, après quelques mois, les écoles ont été réouvertes aux filles. Je fus très heureuse de retourner à l’école. Le jour où ils nous ont distribué les nouveaux manuels, je me sentais extrêmement belle.  Tous nos amis et moi étions heureux aux larmes. Le jour où mon père m’emmena en ville pour acheter mon uniforme scolaire fut le plus mémorable de mes souvenirs d’enfant. Je me souviens comment toutes les filles de notre village étudiaient et pratiquaient les différentes disciplines avec passion. La fermeture des écoles pour les filles avait été pour elles très douloureuse, parce leur destin était retombé dans le régime du mariage forcé, y compris de mineures, et l’analphabétisme.

Les vœux de jeune fille et de jeune femme

Discrimination dans la famille

Devenue jeune femme, si j’ai voulu poursuivre mes études à l’université, c’est que j’avais compris que les études pour5 les filles et les femmes en Afghanistan étaient leur seul moyen de se débarrasser de ce terrible carcan.

Ma famille, étant modérée, ne mettait pas de réels obstacles à notre éducation, mais elle faisait néanmoins une nette différence entre les garçons et les filles. Par exemple, elle favorisait l’éducation de mon frère ainé plus que la mienne. Constater les progrès de mon frère à cette aune était un sentiment douloureux pour moi. Mais, de ce sentiment, j’ai finalement fait ma force et ma motivation, parce qu’il m’a poussé à étudier avec plus d’acharnement dans ma volonté de dépasser mon frère.

Même si cependant, dans cette compétition où ma famille soutenait essentiellement le garçon qu’était mon frère, je me noyais presque. Très peu valorisée, et cela simplement du fait de ma naissance en tant que fille, je me sentais souvent en colère. Pendant ces années, m’impliquer davantage a été ma seule option, pendant que mon frère disposait d’une pièce séparée pour lui seul, décorée par ma mère. Contrairement à moi, il avait un ordinateur et pouvait faire ses devoirs avec calme. Lorsque je nettoyais sa chambre, c’était toujours avec le même sentiment d’injustice. Pourquoi moi n’avais-je pas droit à un coin paisible pour étudier ? La réponse était très simple : parce que j’étais une fille.

Discrimination dans la société

Lorsque je suis entrée à l’université, j’ai fait face à une autre forme de discrimination fondée sur le sexe : la peur d’être importunée, d’entendre les sarcasmes, plaisanteries et provocations des hommes sur le chemin de l’université. Rien qu’en marchant dans les rues, si j’entendais quelqu’un derrière moi je craignais qu’il ne m’agresse.

Vidéo d’une performance de l’artiste Kubra Khademi
dans une rue de Kaboul6

Dans et hors les murs

Et quand je n’étais pas en déplacement, dans les murs de l’université, je me sentais encore plus menacée par les violences physiques et psychologiques. Je savais et expérimentais jour après jour ce qu’est la femme en Afghanistan et comment les gens la regardent.

Peur omniprésente

J’ai toujours vécu avec la peur, marchant dans l’allée de la peur, achetant dans les magasins de la peur, traversant les places de la peur, étudiant dans l’université de la peur ; la peur a envahi toute ma vie. Si j’ai étudié 18 ans avec toutes ces peurs, ce sont des milliers de filles qui, comme moi, ont eu la même expérience. Je ne suis qu’un exemple sur des milliers…

Discrimination à l’université

Quand j’étais à l’université, certains professeurs discriminaient les femmes, qu’ils déclaraient par définition incapables. J’y ai souvent entendu mes enseignants masculins formuler devant une salle de classe leur conviction que, de toute façon, si les filles viennent à l’université, c’est pour y chercher un mari. Pour elles, une fois atteint leur objectif principal, à savoir le mariage, il ne saurait plus être question de leçon et d’université. Ainsi les maîtres exprimaient-il de façon récurrente dans leurs cours leur doute quant à la capacité et au talent des filles.

J’ai été extrêmement attristée d’entendre les paroles moqueuses de mes professeurs, qui donnaient à ces cours une couleur particulièrement lugubre. La perte de filles par découragement étaient les moments les plus douloureux de nos classes.

Discrimination en milieu de travail

Quand j’ai fini ma maîtrise, j’ai voulu travailler, de préférence dans un endroit où personne ne m’importunerait. Un endroit dépourvu de morale et de correction est vraiment trop dommageable pour une femme.

Un terrain miné

Dans les milieux où les femmes travaillaient, des ragots voyaient l’accession de ces dernières aux postes qu’elles occupaient comme entièrement basée sur le sexe. Si une femme progressait, elle était immédiatement soupçonnée d’avoir monnayé son avancement par une proximité avec son chef. Personne ne croyait aux capacités des femmes. Cette défiance coûtait très cher à une jeune femme comme moi.

Des calomnies sur les réseaux sociaux

Tout le monde savait que les filles qui étaient parvenues à entrer dans des institutions gouvernementales importantes seraient objets de moqueries de la part des hommes sur Facebook, qui les affubleraient de toutes sortes de surnoms prêtant à rire. Que sur les réseaux sociaux ils parleraient encore et toujours plus d’elles. Toutes ces rumeurs et insultes constituaient pour nous une nouvelle douleur supplémentaire.

Illustration

Une anecdote illustre l’atmosphère qui régnait dans le cadre de mon travail. Un jour où j’étais en train d’écrire un article, mon collègue entre dans mon bureau. Voyant un livre posé sur ma table de travail, il me félicite dans un premier temps de m’adonner à la lecture. Puis, soulevant le livre pour le regarder, il lit sur sa couverture « Les mouvements sociaux des femmes en Afghanistan ». Il le repose alors avec dépit, assuré qu’un livre sur les femmes ne peut rien valoir. En face d’une telle réticence, j’ai songé que même un livre sur les femmes ne vaut rien.

Les femmes et la vie

La vie en négatif

En Afghanistan, si une femme veut une vie digne d’être vécue, toute la société la verra négativement, parce qu’elle ne sera pas à la mode culturelle et locale, mais à la poursuite de ses propres revendications éhontées. La place des femmes est à la maison et à la cuisine. Les femmes de la société afghane doivent, tout au long de leur vie, négliger leurs propres exigences au profit de la seule injonction d’être de bonnes femmes au sein de leurs familles et de la collectivité. Si une femme critique la situation culturelle et sociale et s’exprime verbalement à ce sujet, elle subira de fortes pressions familiales et l’isolement au sein de la société. Pour cette raison, la majorité des femmes tolèrent la violence domestique et la discrimination de genre, et n’osent pas s’affirmer comme moteurs de leur famille et de leur société.

Dépendance économique

Les femmes afghanes, à toutes les étapes de leur vie, dépendent économiquement des hommes de leur famille. De père en frère, en mari et même en fils. Cette dépendance accroit l’ombre de la violence et de la discrimination de genre dans la vie sociale et familiale des femmes. Le fait même que les femmes ne gagnent pas de revenu démultiplie les inventions de toutes sortes de violences qui les obligent à accepter de n’avoir aucun choix pour faire avancer leur vie. Leur seul choix est de consentir à ces discriminations qui tendent toutes à réduire leurs propres ressources. Certaines femmes se suicident parce qu’elles ne peuvent pas résoudre leurs problèmes économiques.

Femmes procréatrices

Un rôle circonscrit

Sur France Inter, interview
« Pour un accueil d’urgence des Afghanes » en France
avec Solène Chalvon et Nassim Majidi » – 21 avril 2023

Les femmes en Afghanistan sont le groupe le plus vulnérable d’une société dont le regard n’est pas humain, mais instrumental. Elles ne sont qu’une espèce d’objets capables de perpétuer les générations. Pour les Talibans, elles ne sont responsables que de la continuation de la race humaine. Si une femme en Afghanistan ne donne pas naissance, elle attirera sur sa personne la plus cuisante des désapprobations.

Exclusivité pour les garçons

Et si elle donne naissance à des filles sans parvenir à accoucher d’un garçon, elle sera tout autant blâmée et discriminée. Pour les femmes en Afghanistan, la non-arrivée d’un fils est un grand malheur7, parce que les hommes n’envisagent leur perpétuation qu’à travers le fils d’un fils. Les enfants d’une fille ne signifient pas du tout la continuation de la génération, donc cela n’a pas de valeur pour son père. Une fille n’est pas en mesure de continuer la génération de son père, notamment parce que les femmes dans le système juridique de l’Afghanistan ont la moitié des   droits d’un homme. Il faut deux femmes afghanes pour égaler un homme afghan.

Idéaux féminins

Pour le moment toutes les façons de répondre aux souhaits et aux aspirations des parents afghans sont strictement délimitées. Plus de trois millions de filles ont survécu aujourd’hui. Et il n’y a pour elles aucun moyen d’accéder ni à l’école ni aux livres, ni aux leçons, et encore moins aux universités.

Femmes maintenues hors du monde du travail

Les talibans ont également banni les femmes du travail dans les secteurs public et privé. Encore une fois, l’ombre noire des talibans, comme il y a vingt ans, triomphe de la vie des femmes afghanes. Quand je pense aux filles en Afghanistan, je redoute que cette distanciation forcée de l’instruction et de l’enseignement ne les coupe de leurs aspirations propres et qu’elles finissent pas trouver leur sort normal.

Retour à la soumiission et à l’analphabétisme

L’idée qu’elles n’aient plus d’autres fantasmes pour leur avenir m’effraie. J’appréhende un futur sombre, un futur où elles seront devenues des mères analphabètes et des femmes soumises et subordonnées. Je suis épouvantée à l’idée que ce soit ce sort qui les attende.

Conclusion

Tout bien considéré, être une femme dans la société afghane et dans la famille afghane est la pire chose possible au monde. En Afghanistan, les femmes naissent, sont victimes de discrimination. Dépossédées ainsi de leur vie, elles emporteront ces discriminations dans leurs tombes,8 ces privations évidentes qui se seront faites sur tous les fronts de leurs existences.

En espérant la liberté et l’égalité, des femmes résistent9, un réseau d’écoles clandestines10 s’organise.

Traduction

زندگی زنان تحصیل کرده در افغانستان

روایتی از فضیله اوژن فعال حقوق زنان و استاد اسبق دانشگاه در کابل

استاد دانشگاه در افغانستان

من فضیله اوژن هستم. سی و سه سال سن دارم. ماستر حقوق بین المل  و استاد دانشگاه در کابل بودم . مدت دوسال می شود به عنوان پناهنده سیاسی در فرانسه زندگی می نمایم.

تبعیض جنسیتی

 منم همانند هزاران زن در سرتاسر تاریخ از تبعیض جنسیتی رنج برده ام. تبعیض جنسیتی کهن ترین نوع تبعیض در جهان است.  با توجه به فرهنگ های گوناگون  تبعیض جنسیتی اشکال متفاوت دارد. من  به عنوان یک زن تبعیض جنسیتی را در افغانستان با چشم خود دیدم و با وجود  خود لمس کردم، بار ها از تبعیض درد کشیدم و در دورن خود فروریختم.

مبارزه با تبعیض جنسیتی

من در افغانستان نهاد را ایجاد نموده بودم  و برای برابری میان زنان و مردان و حقوق  زنان کار میکردم. من از طریق  این نهاد  برنامه های آگاهی دهی از قوانین را بر زنان برگزار می کردم. مخصوصا از کنوانسیون رفع هر نوع تبعیض علیه زنان و قطع نامه 1325 شورای امنیت سازمان ملل متحد و دیگر قوانین.

نوشتن برای آگاهی دهی و رهایی

       زمانی که قلم را به دست می گیرم،  ناخود اگاه از زنان و محرومیت زنان مینویسم. از درد های زن بودن و زنانگی در جوامع مختلف و در طول تاریخ که همه ما زنان آنرا کشیده ایم و میکشیم.از رنج زن بودن در افغانستان و تحمل تبعیض، حقارت ، خشونت و …

  از جمله مقالات که راجع به زنان نوشتم یکی آن  تحت عنوان « زنان نیمه پنهان تاریخ  » بود، که  در سه شماره به چاپ رسید.  در آن مقاله به فعالیت ها و دستاوردها زنان پرداختم،اینکه زنان به سهم خویش در جهت پیشرفت علم و دانش در جهان کوشیده اند، ولی مورد استقبال چندان قرار نگرفتند.  بعد از آن کتابی را تحت عنوان « مسوولیت دولت افغانستان در قبال کنوانسیون منع  هر گونه تبعیض علیه زنان » نوشتم.

سوء استفاده از نام زنان

من به عنوان حقوق دان می دانستم که دولت افغانستان به کنوانسیون های جهانی برای حقوق بشر و حقوق زنان پیوسته است اما متاسفانه برای تغییر وضعیت زنان کاری نمی کردند. حاکمان افغانستان برای کسب مشروعیت بین المللی و جلب کمک های جهانی به این کنوانسیون ها می پیوستند و زنان افغانستان هیچ نفع از آن نمی بردند.

کودکان در  افغانستان

      خاطرات کودکی ام

 کودکی من در دوره اول حاکمیت طالبان گذشت . من فقط یک سال را مکتب رفته بودم . اما سال 1998  طالبان به منطقه ما حمله کردند. من هم مثل هزاران دختر دیگر از رفتن به مکتب به مدت  دوسال  محروم شدم. ولی همیشه تصویری دختری را که قبلا در لای کتاب هایم دیده بودم در عقب ذهن ام داشتم، تصویری که در آن دختری  سه جلد کتاب  در بغل داشت. همیشه به مکتب رفتن فکر میکردم و خودم را بجای آن دختر در تصویر قرار میدادم.

پیامد های محرومیت از مکتب

 در این دوسال محرومیت  از مکتب من علاقمندی خویش را به درس از دست دادم. بیشتر در خانه با مادرم کار می نمودم.مادرم بی سواد و خانم خانه بود.او نمی توانست برایم کتاب بخواند و نوشتن یاد بدهد. برای این بود که بیشتر به این فکر می کردم که چگونه یک زن خوب برای خانه باشم. چگونه با کار و مسوولیت پذیری خود را برای دیگران ثابت نمایم. این پرسش های بود که همه دختران روستا از همدیگر می پرسیدند و فکر می کردند.

11 سپتامبر

حملات تروریستی یازده سپتامبردر آمریکا زندگی همه ما را در افغانستان تغییرداد. بعد از گذشت چند ماه دروازه ها مکاتب به روی دختران باز شد. من دوباره به مکتب رفتم ، از اینکه دوباره می توانستم مکتب بروم خیلی خوشحال بودم. روزی که برای ما کتابهای درسی جدید  توزیع می نمودند ، من احساس بی نهایت زیبایی داشتم و با همه دوستان خود اشک شوق می ریختیم. روزی مرا پدرم با خود به شهر برد تا برایم یونیفورم مکتب بخرد، این یکی از بهترین خاطرات زندگی کودکانه من بود که همیشه به یادم هست. خوب به یاد دارم که همه دختران روستا ما چگونه باجدیت درس می خواندن و تمرین می نمودند. مکتب نرفتن برای دختران دردناک و جانگداز بود چون آنان مجبور به انتخاب های بدتر می شدند چون ازدواج های اجباری و زیر سن و بی سواد ماندن و..

خواسته های دختران و زنان جوان

تبعیض در خانواده

زمانی که من جوان شدم ، می خواستم تحصیل خویش را با ر فتن به دانشگاه ادامه بدهم چون  به این باور رسیده بودم که تحصیل برای دختران و زنان در افغانستان تنها راه رهایی و آزادی است.

خانواده من با وجود اینکه میانه رو بودند و موانع جدی بر تحصیل ما وضع نمی نمود اما تفاوت میان پسران و دختران خانواده وجود داشت.  به عنوان مثال من یک برادر بزرگتر از خودم داشتم، فامیل  بیشتر از من متوجه تحصیل  برادرم بودند، پیشرفت برادرم بیشتر اهمیت داشت تا من،  این احساس برایم دردناک بود.  اما من  این را به قوت و انگیزه خود تبدیل می نمودم جدی تر از قبل درس می خواندم تا بیشتر از برادرم دست آورد داشته باشم.

      من در خانواده همیشه خود را با برادرم مقایسه می نمودم.  از اینکه خانواده ام برای او همه چیز را مهیا می نمودم و از من دریغ می کرد از دورن فرو می ریختم. احساس بی ارزش بودن می کردم و از این که زن به دنیا آمدم با خود درگیر می شدم و خشم می کردم، برادرم برای خودش اتاقی جداگانه ای داشت، مادرم اتاق اش را تزین می کرد، کمپوتر داشت، درس هایش را با ارامی می خواند، من زمانی که می رفتم اتاق اش را پاک میکردم همیشه این حس در درونم بود که چرا من یک جای ارام برای درس خواندن ندارم، جوابش خیلی اسان بود چون دختر بودم.

تبعیض در جامعه

     زمانی که وارد دانشگاه شدم با تبعیض جنسیتی از نوع دیگرش روبرو بودم. ترس از اذیت شدن، ترس از متلک شنیدن از مردان، از جاده گرفته تا  دانشگاه،  زمانی که در کوچه ها قدم میزدم همیشه از صدای پای  کسی که در پشت سرم  قدم میزد می ترسیدم که مبادا مرا اذیت نکند، اگر در راه کسی نبود ترسم بیشتر می شد، ترس  از خشونت فزیکی و روانی . چون می دانستم زن  در افغانستان چی جایگاه دارد و نگاه مردم نسبت به زنان چگونه هست.  من همیشه با ترس زندگی کردم، در کوچه ترس، در بازار ترس  در زمان خرید ترس، در قدم زدن ترس،  در داخل دانشگاه ترس، بلاخره تمام زندگی ام  با ترس پر شده بود. من 18 سال را با ترس های گوناگون درس خواندم، مثل من هزاران دختر همین تجربه را دارند، من یک نمونه ای از هزارانم…

تبعیض در دانشگاه

    زمانی که در دانشگاه بودم ، عده ای به زنان  نگاه  تبعیض آمیز به زنان داشتند ما را فرو دست تر و کم تر از خود  می پنداشتند .در دانشگاه بار ها از استادان مرد خود  شنیدم که خطاب به دختران صنف میگفتند، دختران اگر دانشگاه بیایند هم دنبال شوهر هستند، زمانی که به هدف اصلی شان برسند یعنی عروسی بکنند، دیگر از درس و دانشگاه خبری نیست. این حرف استاد به نحوی دست کم گرفتن دختران بود، و ناباوری به تواناهای و استعداد دختران بود. من از شنیدن این حرفها  که برای استادان و هم صنف هایم خنده اور بود بی نهایت غمگین می شدم.دست کم گرفتن دختران زجر اور ترین لحضات در داخل صنف بود. 

تبعیض در محیط کار 

     زمانی که ماستری را تمام کردم به فکر کار کردن شدم، بیشترین فکرم این بود که باید جای کار پیدا کنم که ازار و اذیت نبینم. محیط اخلاقی اش درست باشد، چون بیشترین آسیب متوجه دختران بود. میان مردم شایعه بود که دختران بر اساس روابط جنسی به کاری گماشته می شود. اگر زنی پیشرفت میکرد، اولین حرف همین بود که با ریس اش در رابطه است. هیچ کسی به توانایی زنان باور نداشت. این ناباوری برای دختران من و مثل من خیلی گران تمام می شد. دختران که در نهاد های مهم  دولتی راه یافته بودند، سوژه خنده بین مردان در فیسبوک میشدند، انواع و اقسام لقب ها بالایش می گذاشتند و می خندیدن و در باره شان حرف می زدند. خلاصه این تحقییر ها و توهین ها درد دیگر داشت.  

  روزی در  دفتر کاری ام داشتم  مقاله ی  می نوشتم. کتابی بنام جنبش های اجتماعی زنان افغانستان روی میز ام بود .همکارم که مرد بود آمد و کتاب را برداشت برایم گفت افرین که کتاب می خوانی. زمانی که روی کتاب را نگاه کرد، یک بار دیدم که با بی میلی تمام کتاب را سرجایش گذاشت و با خودش گفت  کتابی که در باره زنان باشد به درد هیچ چیزی نمی خورد، طرفش نگاه کردم، چیزی به گفتن نداشتم، فقط گفتم حتی کتاب که در باره زنان باشد هم بی ارزش است.

زن و زندگی

  در افغانستان اگر زنی خواهان یک زندگی انسانی باشد زن بی حیا معرفی می شود، چون او پابند به رسم و رواج فرهنگی و محلی  نیست بلکه دنبال خواسته های بی شرمانه خودش هست. چنانکه زنان اختیار  و آزادی انتخاب همسر خویش را ندارند، انان مجبور اند به انتخاب های دیگر اعضای خویش تن بدهند.  زنان باید در خانه باشند و آشپزی نمایند.  زن در جامعه افغانستان در سراسر زندگی باید از خواسته های خودش بگذرد تا یک زن خوب  در خانواده و در بین جامعه باشد.  اگر زنی از وضعیت فرهنگی و اجتماعی انتقاد داشته باشد و در نقد آن زبان باز کند با فشار خانوادگی و منزوی شدن در بین جامعه رو برو می شود. به همین خاطر اکثریت زنان خشونت های خانودگی و تبعیض های جنسیتی را تحمل می نمایند و صدا بلند نمی کند  که مبادا از فامیل و جامعه راننده شوند.

وابستگی اقتصادی

 زنان افغانستان در تمامی مراحل زندگی از لحاظ اقتصادی وابسته به مردان خانواده است. از پدر تا برادر، شوهر و حتی پسر. این امر در زندگی اجتماعی و فامیلی زنان سایه افگنده و خشونت ها و تبعیض های جنسیتی را بیشتر کرده است. از آنجای که زنان کار درآمد زا  نمی کنند، با هر نوع خشونت  کنار می آیند و قبول می کنند بخاطراینکه انتخاب دیگری برای پیش برد زندگی خود ندارند.زنان برای دریافت مخارج خودشان هرگونه تبعیض و تحقییر را می پذیرند و گاهی از اینکه نمی تواند مشکلات اقتصادی خویش را رفع نمایند دست به خودکشی می زنند.

زن و فرزند آوری

          زنان در افغانستان از هر نگاه آسیب پذیر ترین قشر جامعه اند. نگاه جامعه  نسبت به زنان انسان مدارانه نیست بلکه نگاه ابزاری است. نگاه شی گونه است. زن فقط مسوولیت تداوم  نسل بشر را به عهده دارد. اگر زنی در افغانستان نازا باشد، نگاه های تبیعض آمیز تر به او می شود. اگر زنی دختر به دنیا بیاورد و نتواند فرزندان پسر بیاورد باز هم او مقصر هست و مورد تبعیض قرار می گیرد. نداشتن فرزند پسر برای زنان در افغانستان بدبختی بزرگی است  بخاطر که مردان بقای شان را فقط در داشتن فرزند پسر می بیند. داشتن فرزندان دختر به هیچ وجه به معنی تداوم نسل نبوده، لذا نزد پدر هیچ ارزش ندارد. دختر نمی تواند ادامه دهنده نسل پدر باشد. زنان در نظام حقوقی افغانستان هم نصف مرد حق دارد، یعنی دو زن مساوبیست به یک مرد.

آرمان های زنان

با این حال،  فعلا تمامی راه های برای رفتن به  سوی آرزو ها  و آرمان ها برای داختران افغانستان بسته شده.  بیش از سه میلیون دختر امروز از ادامه تحصیل بازمانده اند. وهیچ گونه راه   ارتباطی با مکتب کتاب ، درس و دانشگاه  ندارند.  زنان شاغل هم از بخش دولتی و خصوصی همه از کار منع شدند.  باز همان سایه سیاه طالبان همانند بیست سال قبل بر زندگی زنان افغانستان سایه افنگنده. من زمانی که به دختران افغانستان فکر میکنم بی مجال بغض گلویم را می فشارد که مبادا این دوری از درس و تعلیم این نرفتن  به سوی آرمان ها و آروزهای شان  روزی به یک امر عادی تبدیل شوند. دیگر خیال پرازی برای اینده شان نداشته باشد. من از آینده تاریک  آنها ترس دارم، ترس از این که  مبادا فردا  به عنوان مادران بیسواد و زنان مطیع و زیر دست مبدل شوند. ترس این اینکه  آینده تاریک در انتظار شان خواهد بود.

در پایان  زن بودن در جامعه افغانستان  و در خانواده افغانی بدترین چیزی ممکن دنیا است.  در افغانستان زنان با تبعیض و محرومیت به دنیا می اینده و با آنان زندگی می نماید وبا آن می میرد. این محرومیت در تمام جلو های زندگی زنان افغان نمایان است.

به امید آزادی و برابری

Notes

  1. Texte d’Amir Kauzary sur le site du Cercle CREME ↩︎
  2. Sur le site de Human Rights Watch : « Afghanistan : Des manifestantes décrivent les abus des talibans ».
    Article évoquant le courage des femmes afghanes : « 
    « Il est difficile de surestimer l’incroyable bravoure de ces femmes et des autres Afghanes qui protestent contre les abus des talibans », a déclaré Heather Barr, Directrice adjointe de la division Droits des femmes à Human Rights Watch. « Leurs témoignages montrent à quel point les talibans se sentent menacés par leurs activités, et jusqu’où ils sont prêts à aller pour tenter de les faire taire. » ↩︎
  3. Article du Cercle CREME : « Y a-t-il des femmes en Afghanistan ? »Amir Kausary et Basgul Karimi sont venus parler pour le Cercle CREME de la situation des femmes en Afghanistan. Basgul Karimi y parle de son action militante en tant que femme dans son pays, pendant qu’ Amir Kausary luttait à leurs côtés. ↩︎
  4. Sur le site Euronews : « Sakena Yacoobi, la mère de l’éducation en Afghanistan ».
    Sakena Yacoobi a touché les vies de plus de douze millions de personnes à travers ses efforts inlassables pour faire progresser l‘éducation en Afghanistan. Son travail vient d‘être récompensé par le Sommet mondial pour l’innovation en éducation, qui lui a remis le prix WISE de l’année ↩︎
  5. Sur le site du Courrier International/Société/Afghanistan/Droit des femmes/Éducation
    « En Afghanistan, les femmes se tournent vers l’université en ligne » ↩︎
  6. Sur le site En revenant de l’expo : l’article sur l’artiste Kubra Khademi dans le cadre de son exposition « First but not Last Time in America » à la Collection Lambert – 11 octobre 2022
    Par Jean-Luc Cougy, une vidéo montre comment l’artiste Kubra Khademi a provoqué la société afghane en arborant une armure lui protégeant les seins et les fesses, en signe de protestation contre le harcèlement des hommes et de la société dirigé contre son corps et celui des femmes afghanes. Elle a fabriqué son armure en acier elle-même. ↩︎
  7. Sur France Inter, interview de Solène Chalvon et Nassim Majidi
    « Pour un accueil d’urgence des Afghanes en France avec Solène Chalvon et Nassim Majidi » – 21 avril 2023.
    Extraits : « C’est un garçon ! c’est un garçon ! » s’écrient des femmes au comble du bonheur, puis elles décrivent une petite fille venant de naître avec des mots extrêmement négatifs . Un prêche taliban déclare « Les femmes découvertes sont comme un bonbon sans emballage, il attire les bactéries et les mouches » ↩︎
  8. Article du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) publiant un communiqué des femmes afghanes de Strasbourg, qui soutiennent les sept femmes afghanes en grève à Cologne en Allemagne – samedi 9 septembre 2023 ↩︎
  9. Sur le site du Courrier International/Société/Afghanistan/Droit des femmes/Éducation
    « En Afghanistan, les femmes se tournent vers l’université en ligne » (article non accessible hors abonnement). ↩︎
  10. Sur le site de l’Humanité, article de Pierre Barbancey « Afghanistan. Reportage dans les écoles clandestines de Kaboul » – 30 janvier 2022. ↩︎

Lisez aussi...

Laisser un commentaire