L’État promeut des artistes auteurs mais les expulse néanmoins

Paradoxale politique migratoire

de Valérie Dubach

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/180322/l-etat-soutient-la-creation-l-etat-expulse-les-artistes-autrices-auteurs

Dès octobre 2021, les collectifs et associations Horizome, Syndicat PotentieI, INACT, Festival des arts mutants, Greg Gréggory, Trois_a, Aedaen, Haute école des arts du Rhin, CEAAC, Enquetecritique.org, LSPA, #mamaroad, LDH Strasbourg, Collectif pour une autre politique migratoire, D’ailleurs nous sommes d’ici 67, La Cimade Strasbourg, Extinction Rebellion Strasbourg, Emmaüs Murdo, MRAP-Strasbourg, NPA Strasbourg, Solidaires Alsace, PCF Bas-Rhin, CGT UD du Bas-Rhin 67, Atmf Section du Bas-Rhin, Association Casas, SOS MEDITERRANEE, France Action Antifasciste Strasbourg se mobilisent pour la défense de l’artiste Abdul Hadi Yasuev qui est l’objet d’une «mesure d’éloignement» ou décision de transfert.. D’autres signataires se sont joints depuis, jusqu’à aujourd’hui où le signature de tous est appelée.

Pour signer, c’est ici : https://www.change.org/p/pour-la-régularisation-et-la-liberté-de-création-d-abdul-hadi-yasuev?recruiter=3513799&recruited_by_id=21a4fe50-f786-012f-b43f-40401fa5e37a

C’est un exemple de plus de la schizophrénie des agissements de l’état français à travers ses grilles administratives.

Sa main se fiche de ce que fait l’autre.

Le paradoxe est saisissant de ce qu’une Préfecture, via la Direction des Affaires Culturelles, soutienne financièrement la création d’une œuvre de collaboration entre deux artistes (Abdul Hadi Yasuev et Cynthia Montier) tout en émettant à l’encontre d’un des artistes, alors que l’œuvre est programmée dans des festivals et au sein de plusieurs institutions artistiques en France, l’application aveugle du Règlement de Dublin lié aux procédures de demande d’asile.

La régence des lieux publics, des lieux culturels, des espaces de pensée qui en découlent, par des dispositifs absurdes et forcenés, semblant fonctionner en roue libre, dessine un monde où la circulation libre deviendra non pas la condition normale d’existence, mais l’un des nouveaux sujets à caution, c’est à dire à rétribution, de la vie en démocratie. La profanation d’un oeuf, la déprédation de l’unité d’une oeuvre commune, est ici opérée comme sciemment, sans doute pour répondre à l’épineuse question d' »appel d’air ».

Les artistes aussi sont susceptibles de se donner la main, ce qui est un vrai danger public.

Alors que l’art, domaine d’exploration qui ne saurait être pertinent s’il ne convoquait pas l’autre, l’étranger, le non connu, le présent, se donne pour vocation le partage et l’échange pour une fructification pluridisciplinaire et pluriculturelle, la préfecture a le pouvoir de stériliser ces inséminations plus ou moins miraculeuses, parce qu’hasardeuses et ténues, qui sont au coeur de la vie et de sa perpétuation.

Cette moustiquaire à jurisprudence ne pourra pas, espérons-le continuer à nuire plus avant. Cela dépendra bien sûr de la prise de conscience de la société civile qui bientôt n’arrivera plus à mettre un pied devant l’autre dans l’espace public, toujours d’avantage privatisé, ne serait-ce que par les candidats aux postes de pouvoir qui font de l’électoralisme un bras toujours plus armé contre la fraternité, la liberté et l’égalité.

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