Sommaire
- 1 Notes : Mémoires Strasbourgeoises d’Algérie, visite guidée par Jean-Claude Richez
- 2 La citadelle, place du 3° régiment d’infanterie algérienne
- 3 Arrêt devant la Gallia puis le Palais universitaire
- 4 La caserne Stirn (ex Manteufel), 37 bd Clémenceau
- 5 Angle bvd Wilson, rue Wodli
- 6 Place de la gare
- 7 Grand-rue
- 8 Rue des Serruriers
- 9 Place du 17 octobre 196116
- 10 Au 13 quai St Nicolas
- 11 Rue des Veaux
- 12 Ruelle de l’Abreuvoir
- 13 Rue de Zurich
- 14 Le FEC
- 15 Place Broglie
- 16 Rue de la Fonderie
- 17 St Pierre le Jeune catholique
- 18 Le parvis du tribunal
- 19 Le foyer ADOMA
- 20 Pot de l’amitié à l’association CALIMA
- 20.1 Lectures
- 20.2 Photos
- 20.3 Débat
- 20.3.1 Au sujet des lieux de mémoires populaires
- 20.3.2 Recueillir les mémoires des anciens
- 20.3.3 Les mémoires à transmettre aux enfants, sous quelles formes ?
- 20.3.4 Importance de la mémoire
- 20.3.5 Un projet
- 20.3.6 Paroles d’auteurs célèbres évoqués
- 20.3.7 Lectures éclairantes proposées
- 20.3.8 Comment incarner ces écrits ?
- 21 Notes
Notes : Mémoires Strasbourgeoises d’Algérie, visite guidée par Jean-Claude Richez
Présentation de Rachid, Richard et Jean-Claude Richez, historien, (ex conseiller municipal, adjoint au maire de 1995 à 2021)
Crédit Photos : Jean-Louis Hess
Jean-Claude Richez :
Des liens considérables entre l’Algérie et l’Alsace
« Les liens historiques qui existent entre l’Alsace et l’Algérie sont considérables.
Il faut faire un tour sur le site de Salam Alsace1, Mémorial de Schirmeck pour s’en convaincre.
Des auteurs comme Yves Frey, La guerre d’Algérie en Alsace2, Enquête sur les combattants de l’ombre, 1945-1965, en témoignent.
Jean-Marie Fawer a réalisé deux films (Héritage sans le testament3 et Histoires vives4).
Un spectacle de hip hop5 a été créé sur ce thème : » L’AFFICHE ROUGE « – SPECTACLE » A NOS MORTS »
Ce spectacle a été créé avec le soutien de la DRAC Alsace, du Conseil Général du Bas-Rhin, lde a Ville de Strasbourg, de la Région Alsace, de l’ACSÉ Nationale, de la DRJSCS Alsace et de la Spedidam6.
A été projeté à la table ronde de la présentation de ce spectacle son documentaire « C’est nous les Africains : eux aussi ont libéré l’Alsace » de Petra ROSAY et Jean Marie FAWER.
Une référence très récente confirme la richesse du lien qui lie l’Algérie à l’Alsace : Les Saisons d’Alsace n°86 titrent en 2020 « Alsace-Algérie Une relation particulière ».
Jean-Louis Hess a consacré un travail photographique aux Chibanis7 en 2009.
Mais l’Alsace a aussi un lien avec le Maghreb au sens plus large. L’association Rue Méditerranée8 mène une recherche dans ce sens, qui peut être expérimentale, avec plusieurs partenaires.
Benjamin Stora a écrit un livre il y a peu. Le travail de mémoire entre France et Algérie ne peut passer que par des actions de réciprocité, artistiques, etc. :
Il y aura bientôt le mois de la photo à Oran (?).
Comment se rapprocher, comment vivre ensemble à l’avenir ?
L’association espère se nourrir de tous vos commentaires.
La citadelle, place du 3° régiment d’infanterie algérienne
(Rendez-vous de départ sur la place, à la citadelle)
Ce qu’on a de la mémoire algérienne de Strasbourg reste fragmentaire. On a des éléments souvent de manière indirecte, mais pas directement. Il y a eu une exposition photo autour des Chibanis (Jean-Louis Hess) et des études académiques aussi. Les Turcos sont allés se faire massacrer en 1870 dans le nord-est de la France, en Alsace, un pays dont ils n’avaient pas la nationalité. Il y a un musée historique à Woerth où on peut voir qu’il y a une tradition très riche de représentation des Turcos.
Ce sont aujourd’hui les Chibanis qui racontent, qui portent en eux la mémoire algérienne.
L’association Horizon9 a tenté une initiative à Hautepierre, mais qui a été avortée.
Des héros trop peu célébrés
Complices ou solidaires ? Comment peut-on mettre fin aux sans-papiers, sinon en une reconnaissance par les gouvernements de leur contribution à la nation Française ? À Killstett, les tirailleurs sont allés saboter des stocks d’armes, permettant ainsi de libérer Strasbourg. Cet espace devrait être valorisé. C’est une vieille histoire : en 1856 nait le premier bataillon de tirailleurs algériens, qui ont joué un rôle en 14/18 mais aussi en 39/45.
Les liens avec l’Alsace à travers la colonisation
Parmi les premiers contingents partis pour peupler l’Algérie il y avait nombre d’Alsaciens au 19ème siècle. Les campagnes d’Alsace étaient alors à leur maximum démographique. Certains Alsaciens qui voulaient émigrer aux États-Unis sont détournés vers l’Algérie, les États-Unis leur étant interdit du fait d’une épidémie de choléra qui y sévissait.
La colonisation, aubaine pour certains Alsaciens
La colonisation se présente comme une aubaine. Il faut dire que les migrants à cette époque pouvaient se trouver au Havre pour embarquer pour une destination et accoster finalement à un autre endroit (cela arrivait aux juifs fuyant les pogroms du siècle). Les migrants ne savent pas toujours où ils vont. C’est dans les années entre 1830 et 1860 qu’émigrèrent alors le plus grand nombre d’Alsaciens. Vers l’Algérie ce furent 25 000 contre 15 à 20 000 entre 1870 et 1900, dont 6 000 au lendemain de l’annexion en 1870. À partir de 1860, l’Empire change sa stratégie de colonisation et préfère à une colonie de peuplement la création d’ un royaume arabe constitutif de l’Empire français. Il n’encourage plus l’émigration.
Ce ne sera pas un eldorado
Tout au long du 19° siècle, lis pensaient ce c’était un eldorado, mais c’était très dur. Les terres attribuées à ces colons (d’abord Alger, puis Oran, et enfin dans l’Est, au fur et à mesure de la progression de la colonisation de l’Algérie). Ce sont donc des « terres insurgés », confisquées de préférence à ceux qui s’étaient opposés à la colonisation. Les propriétaires arabes ou berbères en étaient chassés et expropriés pour que leurs terres soient données à des colons alsaciens. Ceux qui constituèrent les régiments de tirailleur algériens étaient souvent issus de ces expropriés : on leur demandait de défendre la France tout en leur refusant la nationalité française.
Les tirailleurs algériens
Les tirailleurs algériens toujours à la place du mort
En 1870, 9 000 tirailleurs algériens vont participer à la défense de l’Alsace contre les allemands à Woerth et Froeschwiller. C’est en fait la place du mort qui est à l’époque accordée aux Algériens : Frochwiller, sur un régiment des 3 000 personnes, seulement 450 sont encore debout à l’issue de la bataille. En novembre 1918 il sont nombreux à défiler dans les villes de l’Alsace libérée, nouba et bouc en tête, ils ont payé un lourd tribu à la France sur les champs de bataille de la 1° guerre mondiale.
Acteurs clés pour contrer l’opération Nordwind nazie
En janvier 1945, ils jouent encore un rôle décisif, notamment dans la bataille de Kilstett. Précisément ors de la défense de Strasbourg engagée à l’appel de De Gaulle, au moment où Eisenhower décide de retirer ses troupes de la vile et que la Wehrmacht engage l’opération Nordwind10 pour la reconquérir.
Expulsés
Avec la seconde guerre mondiale, les Algériens vivant en Alsace avaient été expulsés. Dans les années d’après-guerre Il n’y avait plus qu’environ 350 algériens en Alsace. C’étaient tous d’anciens militaires et nombre d’entre eux se sont alors mariés avec des Alsaciennes. (l’autrice Leila Slimani est petite-fille d’un de ces tirailleurs, qui avait épousé alors une jeune femme du nom de Ruetsch, de Blotzheim près de Mulhouse).
(Montée dans le bus)
Jean-Claude Richez : « il y a des tonnes d’archives à ce sujet, des lectures, des témoignages.
Le bus parcourra le centre-ville, puis nous compléterons avec une visite à pied dans le centre-ville, pour ensuite rejoindre l’avenue du Neuhof, au n°1, site du 1° foyer de migrants à Strasbourg.
Nous convoquerons cependant ici essentiellement la mémoire strasbourgeoise et non algérienne. Il a été par exemple impossible de trouver un visuel de ce premier centre d’hébergement pour l’appel à cette visite guidée. Nous n’avons pas trouvé d’images des foyers d’accueil pour les migrants d’alors. »
Arrêt devant la Gallia puis le Palais universitaire
L’Université de Strasbourg était l’épicentre de la résistance à la guerre d’Algérie, contre l’OAS et l’extrême droite. Toutes les facultés, à l’exception de celle de médecine étaient regroupées ici et derrière dans les jardins. La Gallia c’était la cité universitaire. En 1963 il y avait à Strasbourg une petite dizaine de mille d’étudiants. Tout le monde était concentré ici autour du Palais universitaire sur la même place. L’université était considérée comme un corps étranger par les Alsaciens, outil d’abord de germanisation puis après 1918 de francisation. Le palais U concentrait la fac de Droit, de math, de physique, de lettres, de sciences po, … les bâtiments scientifiques étaient dans les jardins. Les facs de l’esplanade n’existait pas. L’esprit de l’université n’était pas vraiment en résonance avec les préoccupations politiques majoritaires de la ville. Étudiants et universitaires ont été le fer de lance de la contestation de la guerre d’Algérie. Deux petits retours en arrière. Nous venons de passer à l’angle de la rue Vauban et le long du couvent des dominicains.
Rue Vauban
sur le mur de la caserne Bataille, anciennement Kaiser Friedrich ,on pouvait lire l’inscription « Kein Soldat nach Nord Afrika » peinte en en 1955. Il y eut alors une grosse mobilisation des Alsaciens avec le rappel de la classe 1945 qui étaient envoyés directement en Algérie sous prétexte qu’ils avaient fait dans le cadre de la Wehrmacht leur classe comme « malgré nous » parce que ces recrues alsaciennes, pour la plupart, avaient déjà servi sous le régime nazi. Les renvoyer en Afrique était perçu comme une punition d’avoir fait la guerre dans l’armée allemande. Certains disent qu’il y aurait plus d’appelés ou de rappelés alsaciens que dans le reste du pays (vrai ou pas vrai!). Le parti communiste organise le protestation. Ses élus au conseil municipal de Strasbourg et de Mulhouse protestent énergiquement : Tabouret, professeur d’architecture à l’ENIS, aujourd’hui INSA, à Strasbourg et Madeleine Rebérioux, professeur d’histoire 0 Mulhouse.
La chapelle du couvent des Dominicains
La chapelle a joué un rôle important durant cette période, contre la guerre d’Algérie, pour l’accueil des migrants, avec le père Buretel de Chassey, mais aussi l’opposition à la guerre avec le père Congar qui est alors assigné par l’Église à résidence et interdit d’enseigner la théologie pour son soutien au prêtre ouvrier, mal vu par Rome, et pour des divergences théologiques.
La question de l’accueil des migrants est une question capitale
À partir de 1947, la reprise de l’activité industrielle, la France fait appel à la main d’œuvre d’origine maghrébine et algérienne. On ne se posait pas à l’époque la question de savoir si on pouvait les loger. Ils avaient un boulot, c’était suffisant. C’est seulement au début des années 60 que les foyers Sonacotra sont financés. Avant eux, le logement des ouvriers était le travail de bénévoles. Dans un premier temps ils étaient logés dans les bâtiments militaires, derrière la gare, dans des lieux comme l’actuel Bastion XIV. Ensuite à Kehl, comme la ville de Strasbourg était détruite après-guerre, jusqu’à ce que Kehl soit rattaché au pays de Bade. Il y avait aussi une caserne à la Robertsau.
Véritables lieux d’accueil tardifs
Les premiers véritables lieux d’accueil ne sont ouverts que dans les années cinquante , au polygone avec le père de Chassey ou rue Welsch avec le pasteur Béron ou encore rue Job à la Meinau. Ils ont été transformés en foyers Sonacotra au début des années soixante.
L’AFGES, colonne vertébrale de la protestation contre la guerre d’Algérie
L’ AFGES (Association Fédérative Générale des Etudiants) dirigée par l’UNEF et gérée à la Gallia, fut la colonne vertébrale de la protestation contre la guerre d’Algérie à Strasbourg. Au milieu des années cinquante alors que démarre la guerre d’Algérie les partisans du soutien à la lutte des algériens deviennent majoritaires à Strasbourg comme dans un certain nombre d’AG. Le clivage se durcit au niveau de l’UNEF quand en 1956 l’UGEMA (Union Générale des Étudiants Musulmans d’Algérie) lance un mot d’ordre de grève générale des étudiants algériens. L’AFGES fait partie des AG qui soutiennent le mot d’ordre. Elle restera très engagée jusqu’à l’indépendance et l’une des AG qui gardera des liens avec l’UGEMA. Parmi les dirigeants de l’AFGES très engagés, mentionnons Pierre Barbier (élu au bureau national de l’UNEF) qui ira jusqu’à l’insoumission, Il devra trouver refuge en Tunisie. Ou encore Dominique Baas, fils du philosophe Emile Baas, dont l’habitation fut mitraillée. Son son père, engagé également pour la paix en Algérie, fut victime d’un plasticage. Barbier ne fut donc pas le seul insoumis alsacien ; longtemps sont restées sur les murs de la ville des inscriptions « Libérez Helmlinger », un insoumis alsacien comme l’autre insoumis Hurst à Colmar, à l’origine du mouvement national « Jeune résistance », initiateur d’un réseau d’aide national. Pour mémoire, citons encore Charlotte Herfray, future psychanalyste et universitaire strasbourgeoise porteuse de valises, ou encore Jeannette Boulay, membre de la JEC (Jeunesse Étudiante Chrétienne, future agrégée de lettres classiques, animatrice du mouvement Caritas jeune aux côtés des algériens.
Le rôle des universitaires
Le premier « scanddale de Strasbourg »
Les universitaires strasbourgeois jouèrent aussi un grand rôle dans l’opposition à la guerre d’Algérie. Citons en premier lieu André Mandouze (professeur de latin, spécialiste de saint Augustin). En 1956 il est exfiltré de l’université d’Alger pour ses positions en faveur des algériens et poursuivi par la justice. À peine arrivé à Strasbourg, il est arrêté à l’automne et emprisonné trois mois lui aussi pour ses positions politiques. Les étudiants prouvent leur solidarité en protestant énergiquement du haut des balcons de l’aula de l’université lors de la rentrée solennelle de l’université. Un premier « scandale de Strasbourg »11 en quelque sorte. Des graffitis à la craie couvrent les murs conspuant le pouvoir.
La motion pour la paix d’avril 1957
En avril 1957 une motion pour la paix en Algérie fut signée par 100 universitaires (profs et responsables étudiants).Des meetings tout au long de la guerre se tiennent dans les locaux du restaurant universitaires de la Gallia. Les étudiants se mobilisaient pour le maintien de leurs sursis et la vérité sur ce qui se passe en Algérie ainsi que la solidarité avec les étudiants algériens. La mobilisation de l’université était énorme. Dans cette mobilisation les étudiants catholiques et protestants jouèrent un rôle important à travers pour les catholiques, le cercle universitaire catholique Bernanos au 4 rue Erckmann Chatrian et l’aumônerie universitaire protestante, AUP, 7 avenue de la Forêt Noire.
La caserne Stirn (ex Manteufel), 37 bd Clémenceau
C’est là qu’étaient rassemblés les appelés de la région. Voir le témoignage deJean Mossler : Les souvenirs d’un appelé en Algérie12 qui retrace la mémoire des appelés. Lire aussi de René Ehni, Algérie roman13 publié en 2002 renvoyant à de nombreux souvenirs de l’auteur, né à Balbronn dans le Sundgau qui a fait la guerre en Algérie comme appelé.
Angle bvd Wilson, rue Wodli
C’est à cet emplacement que se situait la Porte de Saverne et sur les glacis de cette porte que fut installé le camp des Turcos14 avant leur engagement dans les batailles de Woerth et Froeschwiller.
Place de la gare
Arrivée des Algériens
Les Algériens arrivèrent par train.
Les juifs du Mzab
Un hébergement en HLM
Évocation des rapatriés d’Algérie et de l’arrivée des juifs du Mzab (sud-est de l’Algérie). Nombre de raptriés furent accueillis à Strasbourg. Ils purent être hébergés, pour nombre d’entre eux dans les nouvelles cités HLM : c’était la grande période de l’explosion des cités HLM, Esplanade, Cité nucléaire à Cronenbourg, à la Canardière à la Meinau.
Une situation exceptionelle et dramatique
La situation des Juifs du Mzab est dramatique, car ils étaient juifs mais pas français. Ressortissants de cette région colonisée après le décret Crémieux de 1870, ses habitants juifs ne se virent pas octroyer comme les autres juifs d’Algérie la nationalité française. Chaque fois que la question de l’application du décret à ces juifs fut posée, elle entraina de vives protestation d’une population de français d’Algérie qui ne voulait pas entendre parler de la nationalité française pour ces mzabites. Ce n’est qu’en 1962 qu’ils l’obtinrent en urgence.
L’accueil
Leur réception à Strasbourg nous est relatée dans les termes suivants :
« Arrivés eux aussi, un beau matin de juin par le train de 8h20 venant de Marseille, et attendus par la « Bande à Graff » (du nom du secrétaire général de la Préfecture qui avait sélectionné une équipe particulièrement motivée par les rapatriés et efficace) ils débarquèrent sur le quai. C’étaient des Balouka, accompagnés des Partouche, des Attia, des Perez, grandes tribus familiales israélites qui vivaient à Ghardaïa, en plein désert.Arrivés en tenue traditionnelle, les femmes en haïks, robes bariolées de fleurs roses, bleues, ils furent accueillis par la communauté juive, et tout spécialement par le grand rabbin Deutsch. Les enfants arrivèrent un vendredi, jour de sabbat. Très respectueux de leur religion, ils se rendirent de la gare à la synagogue à pied, sous une pluie battante. Mesdemoiselles Muller et Lévy organisèrent l’accueil ce qui ne fut pas une mince affaire. Car ces gens ne vivaient absolument pas à la mode européenne Le dépaysement pour eux était total. Ce fut un beau souk à la synagogue… où l’on prit fort bien la chose ». Texte cité dans Charles Kleinknecht, L’exode des juifs du Mzab15,
Grand-rue
Cette partie de la grand’rue (la moitié la plus proche de la gare) était extrêmement populaire, quand la Petite-France était un quartier ouvrier. À la fin du XIX° siècle elle accueillit nombre d’immigrants juifs d’Europe de l’Est chassés par l’antisémitisme, dans des maisons dégradées. Dans cette portion de la rue naquirent deux figures célèbres que furent le mime Marcel Marceau (1923), fils de boucher casher, et le héros de la résistance Maurice Kriegel-Valrimont (1914), dont le père était commerçant dans la chaussure. Après la deuxième guere mondiale s’y établirent nombre de migrants algériens. Le quartier était encore un lieu de prostitution (surtout rue Seyboth), de bars, très populaire. Le café y était important pour les migrants vivant dans des logements très exigus.
Ici au 42, actuel Part Thé, se tenait le restaurant du « Coq Rouge », remplacé ensuite par l’Automatic bar de Monsieur Chaou. Celui-ci était déjà établi à Strasbourg avant-guerre, en tant que marchand de tapis. En 1939 il est expulsé de France et rentre en Algérie. Il revient en Alsace après guerre et y gère l’Automatic bar après avoir tenu la Marseillaise place Broglie. On l’appelait rapportait sa femme, une alsacienne Seppele, le père Joseph : « Chez nous aussi, c’est devenu une sorte de foyer pour les Algériens. Mais pas seulement8 Les gitans venaient aussi ainsi que les « Français ». (…) hommes me respectaient moi, la femme française. Ils m’appelaient maman. En revanche, j’ai essuyé pas mal de regards méprisants de la part de certaines femmes du quartier car j’avais épousé un « bougnoul », un « hajjkeless ». Je cuisinais des bouchées à la reine mais surtout des plats algériens (…) » (voir Elsa Nagel, Petite France et Grand’rue, Nouvelle éditions Sutton,2008.
Au niveau de l’actuel restaurant East Canteen, au coin de la rue du Fossé des Tanneurs, se tenait le café Les caves d’Adelshoffen, haut-lieu de sociabilité algérienne, du FLN. Selon la femme de Monsieur Chahou disait que ce bar était leur foyer. Les agents du FLN étaient des collecteurs de la contribution à la guerre. L’Automatic Bar était perçu comme un corps étranger et quelque chose de louche que ne devaient en aucun cas approcher les jeunes filles de bonne famille.
Rue des Serruriers
L’actuelle librairie Bildergarte était autrefois le siège de l’imprimerie du journal L’Humanité d’Alsace et de Lorraine en 1959. C’était la Librairie du Rhin, tenue par René Jeanvoine, de la cité de l’Ill à la Robertsau. Condamné pour avoir collé des affiches pour l’Algérie à une très lourde amende, il ne trouvait plus du tout de travail, parce que mis sur une liste noire par les patrons, Le parti communiste l’avait alors embauché, lui confiant la gestion de sa librairie.
Place du 17 octobre 196116
Commémorations associatives
La place strasbourgeoise fut nommée ainsi en 2017 en mémoire des nombreux Algériens tués à cette date à Paris. Cette nomination fut gagnée de haute lutte par un collectif de militants pour qu’on se souvienne. Ils se réunissaient déjà chaque année sur le pont du Corbeau, symboliquement parce que c’est là qu’au moyen-âge on noyait les parricides dans l’Ill.
Histoire du drame du 17 octobre 1961
C’est en protestation contre le couvre-feu qui leur était imposé que des algériens descendent massivement dans la rue en fin de journée, le 17 octobre 1961. Le préfet Papon a décidé de réprimer cet acte de désobéissance. Il fait embarquer massivement les manifestants, l’opération s’apparentant à une « ratonnade »,, et de nombreux algériens sont poussés dans la Seine.
Au 13 quai St Nicolas
Georges Casalis, pasteur du Temple St Nicolas
Le temple St Nicolas est un temple protestant luthérien de langue française. Tout au long des années 50, le pasteur Georges Casalis, très engagé, l’un des fondateurs de la Cimade17, constituée à la veille de la guerre (1954/55), s’y illustre par son soutien aux algériens. Il prend position contre la guerre et pour l’indépendance de l’Algérie. La maison blanche au 13 quai St Nicolas a été baptisée « Maison Georges Casalis ». Il fut l’un des acteurs de la mobilisation pour la défense du pasteur Mathiot, poursuivi pour avoir fait passer la frontière à un algérien du FLN recherché par la police en 1957 (au procès de Besançon y témoigna également le philosophe Paul Ricoeur18, qui enseignait alors à Strasbourg).
Peu d’Alsaciens défendaient les immigrés
En règle générale, ceux qui défendaient les algériens et les immigrés n’étaient pas Alsaciens. L’opinion alsacienne, à part les jeunes, était peu impliquée. Citons cependant pour mémoire des hommes comme Pierre Bockel, aumônier des étudiants catholiques, le pasteur André Dumas, directeur de l’AUP, le député Fonlupt-Esperaber du MRP mais dos que son parti ne représenta pas à partir de 1956. On avait au contraire des Pierre Pflimlin, qui soutenaient activement la guerre d’Algérie. Sauf avec Mendes France, tous les gouvernements successifs de la France soutenaient la guerre avant .
L’autrice Assia Djebar
Assia Djebar a écrit un livre compliqué sur cette période. Telja, son personnage principal dans Les nuits de Strasbourg disparait (suicide) finalement. Pour elle, la résonance entre la situation en Algérie et la situation en Alsace est insupportable (conflit de langue, de culture, d’histoire). Ce livre d’Assia Djebar a été conçu à partir d’une résidence littéraire organisée par Jean Hurstel). Assia Djebar a deux langues maternelles (berbère et arabe, puis français). La ville de Tébessa est liée à Strasbourg dans le combat pour la libération de l’Algérie. Ce mélange des langues devient un problème pour elle, qui retrouve à Strasbourg (alsacien, allemand, français) cette ville de passage, dont la confusion pervertirait les modalités d’enracinement. C’est pour elle un échec.. Elle va par la suite travailler avec Edouard Glissant qui poursuit une recherche sur « la poétique de la relation » (penser le monde en terme d’identité et d’assignation à un territoire).
Rue des Veaux
Du côté de la rue de la Rape
Juste à côté de l’hôtel suisse, rue de la Râpe, il y avait un hôtel meublé, un lieu de prostitution. Le samedi on y voyait une longue file d’attente devant la porte, de travailleurs migrants, en costumes et chaussures cirées, qui venaient pour « consulter ».
La rue des Veaux était un lieu d’habitation insalubre de nombre d’immigrés algériens
Témoignage d’un participant à la visite qui raconte comment un jour il voulait apprendre l’arabe, son père algérien ne le parlant pas. Il s’adresse alors à l’Amicale des Algériens qui se trouvait rue des Veaux. Il trouve un local « innommable, sombre, sale… ». Dans cette rue à l’époque les logements étaient très accessibles.
Il s’est donc tourné vers une école de la Meinau où après l’école primaire, il y avait un cours d’arabe organisé par le foyer Sonacotra. Il y a suivi « quelques cours dans une salle de classe de gamins ».
Ruelle de l’Abreuvoir
Dans le prolongement de la passerelle il y avait le bistrot « Le Pénalty ». Il était tenu par une famille de pieds noirs d’Alger. on y mangeait des merguez. Le patron était un grand sportif (foot) qui avait entrainé ou dirigé l’un des clubs de la ville. Les clients y étaient plutôt pieds noirs, parfois algériens.
Le Pen y a mangé quand c’était « Léon de Bruxelles ». Puis l’endroit est devenu « La passerelle »
La merguez (vieux terme berbère) : une légende dit que les alsaciens auraient inventé la merguez à Constantine. Or les Tunisiens avaient inventé la harissa bien avant.
Rue de Zurich
Rue de Zurich, angle avec la rue de la Krutenau, là où est le siège du centre socio-culturel du Cardeck et la boulangerie Au pain de Grand père, se tenaient les établissements Azoulay à partir de 1964, fabricant de merguez, rapatriés d’Alger. On trouvait aussi, toujours dans la rue de la Krutenau, la très réputée épicerie chez Ali. Dans ce quartier très populaire se mêlaient migrants algériens et rapatriés d’Algérie. Rue Prechter, trois meublés, anciennes maisons closes, abritaient des Harkis dans des conditions honteuses.
Le FEC
Le FEC (Foyer de i’étudiant catholique) est l’une des institutions de l’intelligentsia chrétienne sociale, où officiait le frère Médard. Pierre Médard, celui qui a fait Pierre Pflimlin maire.
Pierre Médard
Quand il y a eu la guerre d’Algérie, il s’est soigneusement abstenu de prendre position, ce qui eut pour effet d’anesthésier l’atmosphère pour les chrétiens catholiques. Sauf pour André Mandouze, mais il venait d’Alger, qui l’appelait « Frère Médor », et quelques autres. Longtemps le cri « Au Fec » était une insulte qui avait cours pour désigner les étudiants prenant des positions de droite. On doit néanmoins reconnaitre que Médard hébergeait des étudiants algériens. Quand il y a eu les attentats de l’OAS, il a également renvoyé tous les sympathisants de l’OAS et les a virés.
Le boycott du FEC
Pierre Médard employait des étudiants pour le service, les payant très mal. Jean Claude Richez se souvient avoir organisé dans les années soixante-dix un boycott du restaurants universitaire du FEC, parce que les étudiants maghrébins qui y travaillaient avaient des conditions de travail pour le moins discutable : le lendemain, les étudiants maghrébins ont été traités plus correctement.
La JEC
L’opposition étudiante catholique est surtout portée par la JEC, le Centre Bernanos 4 rue Erckmann Chatrian, qui abritai tles aumôneries catholiques. Pierre Bockel, l’un des fondateurs de la brigade d’Alsace Lorraine d’André Malraux, qui se trouvait très gêné par ce qui se passait en Algérie, soutenait à l’époque les étudiants catholiques opposés à la guerre. Les étudiants catholiques défendant la cause algérienne bénéficiaient également du regard bienveillant de l’évêque Monseigneur Julien Weber selon le témoignage de Jeannette Boulay. À côté de ces catholiques, les étudiants protestants, autour de l’AUP, s’engageaient aux côtés des algériens. Le pasteur Dumas qui la dirigeait organisait des ventes des livres interdits qui dénonçaient la torture. Ses successeurs Roland Helmlinger et Daniel Tartier poursuivirent l’action aux côtés des Algériens.
Place Broglie
Le monument Leclerc
Monument Leclerc consacre le serment de Koufra en Lybie (2 mars 1941), donc pas vraiment en Algérie, qui fixera comme objectif d’aller jusqu’à Strasbourg drapeau sur la flèche de la cathédrale. Le serment fut réalisé par le spahi Maurice Lebrun, du régiment de la Marche des spahis marocains, le 23 novembre 1944. Le drapeau, confectionné par une charcutière de la place St Etienne, arbore trois couleurs : le bleu étant issu d’une robe, le blanc d’un drap et le rouge d’un drapeau nazi.
Les malgré nous emprisonnés à Tambov, libérés sur intervention de De Gaulle en 1944, au nombre de 1500 sur un total de 1900, sont rapatriés à Alger pour étoffer les troupes françaises combattantes.
Le restaurant La Marseillaise
C’est sur la place que le restaurant de la Marseillaise, que le patron Monsieur Chaou proposera apès la guerre les premiers couscous.
Rue de la Fonderie
La prison de la rue du Fil
Évocation de la prison de la rue du Fil (quand la rue du Fort était traversante), où de très nombreux militants FLN ont été arrêtés et incarcérés. Tout ça n’était pas pacifique du tout. Au contraire, la police était contre le FLN, pendant que le FLN faisait la collecte de l’impôt pour l’indépendance. Il y avait des règlements de compte (on égorge).
Un prisonnier célèbre
Y est notamment emprisonné en 1959 Arezki Aït Ouarzzou19 responsable pour l’Alsace des collectes pour le FLN. On lui reproche également d’avoir organisé la désertion de 19 élèves sous-officiers de l’Ecole des cadres Strasbourg pour l’ALN, l’Armée de libération nationale). Arrêté le 26 août il passe au tribunal dés le 25 septembre, des militants perturbent la séance en chantant l’hymne national algérien et en déployant un drapeau du FLN. En signe de protestation, le 3 octobre au matin, un drapeau algérie est hissé sur le monument au mort de la Place de la République. Condamné, il est envoyé à Saverne, puis transféré au camp de Lambèse en Algérie.
Un lieu de torture comme dans d’autres prisons françaises
En 1957, incident dans le foyer de la rue Job à la Meinau : le meurtre est immédiatement imputé à des militants FLN. Les deux personnes vont être incarcérés dans l’un des commissariats de la ville de Strasbourg où ils subiront les tortures de la gégène et de la baignoire. L’un étant un bon ouvrier algérien père de cinq enfants, l’autre étant un étudiant à Science Po relativement âgé, hébergé au FEC. On pratiquait dans certaines prisons françaises également la torture.
St Pierre le Jeune catholique
Devant l’église trône la statue de l’explorateur béatifié par Benoît XVI. Charles de Foucauld est né à Strasbourg en 1985 à l’hôtel de Dietrich, actuellement banque de France. Il a longtemps habité chez son grand père rue des Échasses où il a vécu jusqu’à douze ans . En 1870, ses grands-parents ont opté pour la France. Son grand-père était troisième dans la hiérarchie militaire de la ville. Il n’ a pas toujours eu une vie de saint, a dilapidé jeune une grande partie de son héritage, menant une vie de noceur.
Officier saint-cyrien envoyé en Algérie, il est même un temps écarté de l’armée pour indiscipline. Pour pouvoir le béatifier, il a fallu dégager l’image du frère universel qui parle à tout le monde de celle de l’ancien officier qui a soutenu le colonialisme comme militaire en Algérie, participant à la répression, comme aventurier et savant au Maroc, à travers une « mission culturelle » et enfin, après son retour à la religion comme missionnaire engagé dans la conversion au Sahara des musulmans dans l’esprit de construire un Empire chrétien.
On lui doit aussi il un travail pionnier avec l’élaboration d’un dictionnaire français-touareg. Son œuvre témoigne, comme l’a mis en évidence Michel Reeber20, d’une familiarité avec certains grands classiques de la mystique musulmane ancienne d’Irak.
Le parvis du tribunal
La place est aujourd’hui baptisée « place Gisèle Halimi », qui a été une des grandes avocates du FLN (tunisienne, mère juive et père berbère, née Taïeb).
C’était une avocate très brillante, qui a commencé au barreau de Tunis à défendre des syndicalistes et des militants, puis qui s’est rendue célèbre au barreau de Paris, fidèle à sa vocation de soutien à l’émancipation féminine, à la défense de Djamila Boupacha, organisatrice du fameux attentat du Milk bar à Alger. Djamila Boupacha sera graciée.
Le foyer ADOMA
Le bus passe devant le bâtiment du foyer ADOMA, en face de la piscine de la Kibitzenau.
C’est là qu’était implanté le premier foyer de migrant après la guerre, par le père dominicain de Chassey.
Pot de l’amitié à l’association CALIMA
Lectures
Assia Djebar
Lecture de textes d’Assia Djebar, extraits de son ouvrage Les Nuits de Strasbourg21.
Journal du père Marey
« … depuis ces années cinquante où, les uns et les autres, tant de ces « Français musulmans » (comme on appelait alors les colonisés), souvent à peine démobilisés, s’installaient au foyer nord-africain du père de Marey, pour travailler comme manœuvres ou plombiers, menuisiers, électriciens, deux ans,. Revenus de ce Sud algérien trois ans ou davantage, qui commençait, dés 1954 et 1955, à être entrainés dans la guerre, ils se retrouvaient en Alsace, suspects, pourchassés, détenus pour avoir conservé ou transporté des tracts nationalistes, vite considéré comme comploteurs pour telle cotisation versée, de bon gré ou non, aux « hors la loi »
Journal du Père de Marey p.291 (Cahier jaune « C’est un journal ce cahier jaune. Plutôt une histoire de l’immigration p. 292)
Photos
Exposition de photos de migrants venant d’El Oued, de Biskra, de Batna ou de Tebessa.
1953 « Deux baraques divisées en trois chambres de vingts lits chacun »
« pas encore d’eau, d’égout ou d’électricité ; au bureau j’éclaire à la chandelle. L’eau est cherchée dans les brocs chez le tailleur de pierre en face, du foyer »
Les soixante lits sont pris d’assaut »
1955 « Le chauffage des chambres est assuré »
Stats 135 familles mixtes, 27 familles musulmanes « Donc vingt sept épouses arabes ou berbéres ont traversé la Méditerranée
1958 « Boubaker a été arrêté le 22 septembre à six heures du matin, et transféré à Metz à la maison d’arrêt »… 21 mai 59 « arrestation de Zemmouri, le 7° gérant du foyer
« (…) jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie : les petites fêtes, la violence autour, les arrestations de la police »
Débat
Au sujet des lieux de mémoires populaires
En créer davantage pourrait éventuellement faire boule de neige dans la diffusion de cette mémoire. Une conseillère déléguée de la municipalité de Strasbourg, Lucette Tisserand, fait des choses au Neuhof.
Qui sait ce que signifie la rue de la première armée ? Elle témoigne de quand les tirailleurs étaient là !
Mahmoud Senadji : « Les Algériens ont payé le prix du sang et de la sueur ».
Il y a un travail inlassable à faire sur les mémoires refoulées.
Au Neuhof, Nadia Saada, aujourd’hui adjointe au Maire, a participé comme Lucette Tisserand à un atelier d’histoire consacré aux mémoires du Neuhof il y a maintenant environ vingt-cinq ans
Recueillir les mémoires des anciens
La priorité : la mémoire des appelés du contingent. C’est indicible. Ils ne trouvent pas comment dévider le fil. Ils ne s’y retrouvent pas.
À Strasbourg, 20% de la main d’œuvre industrielle est immigrée (aujourd’hui ?).
Les anciens des tanneries de Lingolsheim. Ils ont 70 ans. Dans ce quartier, des résidences d’artistes se sont créées qui collectent les mémoires.
Les mémoires à transmettre aux enfants, sous quelles formes ?
Mais utiliser les images, ou les graffitis, pour susciter l’intérêt des enfants, c’est peut-être mieux.
Parce que la construction des enfants se fait par rapport à leur histoire propre. S’ils ne connaissent pas l’histoire de leurs parents, il leur est presqu’impossible de construire.
Un travail de transmission a été fait en théâtre aussi. Les jeunes vous disent « mais je ne savais pas tout ça… ». La psychanalyste Charlotte Herfrey22 en parle, autrefois porteuse de valise pour le FLN, l’évoque dans certains de ses travaux.
Importance de la mémoire
Histoires des familles des Algériens ont épousé des Allemandes.
Pour qu’un être puisse penser que sa parole est importante, il faut que la parole de sa mémoire soit importante.
Le non travail de mémoire et d’histoire ça fait taire les gens.
Mahmoud Senadji :
« Vivre c’est porter une histoire ».
« L’exemple d’Émilie Busquant ayant épousé Messali Hadj23 : un couple de très grand envergure politique et personne ne connait Émilie Busquant ! Elle a déclaré : « Dans mon cœur de française il n’y a pas de frontière dans la lutte pour la liberté et pour les peuples ». Sa mémoire n’est jamais évoquée. Elle habite à Neuve Maison.
En 1927 Messali Hadj fait un discours pour l’indépendance de l’Algérie. Il a sans doute été fortement inspiré par Émilie Busquant, à laquelle il faut décidément s’intéresser !
Un projet
Projet de trouver dix noms de personnes inconnues et disparues.
Parmi ces dix noms, sept sont en rapport avec l’Algérie et c’est tout.
Paroles d’auteurs célèbres évoqués
Alexis de Tocqueville « On a le droit de ravager votre pays ».
À l’époque le souci était de trouver un lieu d’espace pour les populations dangereuses. Il faut aussi entendre Lamartine quand il parle de l’Algérie ! D’après Mahmoud Senadji., en France on est encore prisonniers d’une vision du 19ème siècle. Comment sortir des préjugés du 19ème siècle ? La peur du musulman a remplacé la peur de l’arabe.
Lectures éclairantes proposées
Lire « Les nuits de Strasbourg » d’Assia Djebar.
Il faut mener un travail d’interrogation de tous nos présupposés.
Initiative de Brigitte Fichet, du CNRS est spécialiste de ces questions de faire mémoire, ne pas occulter.
En 1973, mémoires de géographie sur les Aurès.
La France est très riche en terme de livres, d’intellectuels etc.
Comment incarner ces écrits ?
Comment faire descendre ça sur le terrain ?
Pourquoi pas ramener tous ces récits, c’est l’histoire de leurs parents. Ceux qui partent en Syrie, ils ne connaissent pas leur propre histoire.
Idée de dire aux enfants de venir avec leur recette de cuisine préférée : ça a fait venir les parents.
On invite Rachid Benzine24, politologue, qui a écrit « Lettre à Nour » dialogue entre un père et sa fille.
Notes
- Sur le site du Mémorial Alsace-Moselle ↩︎
- Sur le site Openedition/Journals ↩︎
- Sur le site Film documentaire ↩︎
- Sur le site Film documentaire ↩︎
- Article de la Compagnie Mémoires Vives ↩︎
- La SPEDIDAM, fondée en 1959, est un organisme de gestion collective des droits de Propriété Intellectuelle des artistes-interprètes ↩︎
- Annonce de l’exposition de Jean-Louis Hess sur le site Strasbourg Curieux – novembre 2009 ↩︎
- Site de l’association Rue méditerranée ↩︎
- Sur le site d’Horizon Amitié ↩︎
- L’opération Nordwind (Vent du Nord) était une des dernières offensives militaires de la Wehrmacht sur le front de l’Ouest durant la Seconde – Document Watch sur la Facebook du Centre culturel de la Seconde Guerre Mondiale ↩︎
- Sur le site des Éditions l’Insomniaque ↩︎
- Sur le site des DNA – 17 janvier 2022 ↩︎
- Sur le site Openedition/Books ↩︎
- Nom donné aux tirailleurs algérien. Article sur Wikipedia ↩︎
- Page riche alimentée par Charles Kleinknecht sur ce sujet ↩︎
- Sur le site du Musée de la Porte dorée/Musée de l’histoire de l’immigration ↩︎
- Site de la Cimade ↩︎
- Sur le site CAIRN – Paquot, Thierry. « Paul Ricœur (1913-2005). En quête d’une éthique », Hermès, La Revue, vol. 43, no. 3, 2005, pp. 197-200. ↩︎
- Sur le site d’Arame Book, première plateforme algérienne de vente d’e-books, présentation du livre évoquant Arezki Aït Ouarzzou par l’homme politique Karim Younes, aux Éditions Chihab : « Récits et témoignages de militants de la fédération du FLN de France ». ↩︎
- Sur le site de La Croix, le 21 novembre, « Michel Reeber, prêtre strasbourgeois spécialiste de l’islam, donnera une conférence sur « Charles de Foucauld et les droits… » – 11 novembre 2005 ↩︎
- Le livre d’Assia Djebar « Les Nuits de Strasbourg » sur le site des Éditions Actes Sud ↩︎
- Sur le site de FR3 Grand-est, annonce du décès de la psychanalyste alsacienne Charlotte Herfray le 28 juillet à l’âge de 92 ans. Article par Florence Grandon – 12 juin 2020. ↩︎
- Sur le site du Musée de l’histoire de l’immigration, page sur Messali Hadj. ↩︎
- Article de notes sur le spectacle de Rachid Benzine et Joséphine Serre au théâtre de Hautepierre ↩︎