Sommaire
- 1 Observatoire des multinationales
- 1.1 En 2016, le marché mondial annuel de la sécurité avoisinait 18 milliards de dollars, en 2022, elle est de 53 Milliards
- 1.2 Le rôle des médias
- 1.3 Le bilan est une opiniâtreté absurde face à un islamisme extémiste facteur de croissance
- 1.4 Une perspective de « forts taux de croissance »
- 1.5 Le monde de l’armement a tout simplement « institutionnalisé » ses méthodes de lobbying
- 1.6 Une solidarité cachant une complicité condamnable
- 1.7 Une hache à couper le beurre
Observatoire des multinationales
23 FÉVRIER 2017 PAR GUILLAUME PITRON
En 2016, le marché mondial annuel de la sécurité avoisinait 18 milliards de dollars, en 2022, elle est de 53 Milliards
Les américains et les israéliens sont en tête de ce marché en pleine expansion des nouvelles technologies, au détriment des européens qui s’avouent distancés et tentent de rattraper leur retard. Jean-Claude Junker a qualifié le programme européen d’« axe de relance de l’idéal européen ».
Jugeons plutôt : le budget de FRONTEX, passant de 6,3 millions d’euros à 240 millions d’euros, a été multiplié par 35 ! Depuis l’an 2000, ce sont quelques 11 milliards d’euros qui ont été injectés dans ce secteur. Fermer les frontières de l’Europe (étendre l’enceinte de Melilla aux 7700 kilomètres de frontières terrestres de l’espace Schengen) coûterait 2000 milliards, c’est-à-dire le déficit de la dette française.
Le rôle des médias
Pas étonnant qu’il faille obtenir l’assentiment des citoyens européens pour cette entreprise d’envergure générant de tels profits. Mais les communications faites à ces derniers n’en délivrent que très rarement les vrais enjeux.
Le bilan est une opiniâtreté absurde face à un islamisme extémiste facteur de croissance
Car la protection des frontières européennes et la sécurité des cinq cent millions de citoyens qu’elles entourent ne constituent pas, en priorité, un projet politique et sociétal. L’enjeu se révèle avant tout industriel, dans un contexte de compétition économique accrue avec les États-Unis et Israël. Et au-delà de notre continent, c’est le monde entier qui apparaît comme un vaste terrain de jeu. « Des menaces persistantes provenant de groupes islamistes extrémistes vont générer, au cours de la prochaine décennie, de forts taux de croissance sur les marchés du Moyen-Orient et de l’Afrique », prédit déjà le cabinet d’études Strategic Defence Intelligence. Sur ce marché planétaire, les industriels européens peuvent se tailler la part du lion.
L’afflux de migrants apparait dans ce prisme comme un terrain de jeu pour tester de nouvelles technologies, des barrières « intelligentes » aux chiens robots en passant par les drones douaniers.
Une perspective de « forts taux de croissance »
Ainsi va le business de la sécurité aux frontières, en plein essor depuis une décennie. Les projections de croissance sont considérables, de l’ordre de 10% par an (selon un participant du salon Milipol)
La montée des droites extrêmes en Europe ? Une aubaine pour bâtir murs et barbelés à trois millions d’euros le kilomètre. Les groupes islamistes extrémistes ?
Le monde de l’armement a tout simplement « institutionnalisé » ses méthodes de lobbying
Elle se rend régulièrement coupable de délit d’initié ainsi que de conflit d’intérêt, puisqu’elle se trouve à la table des écritures d’appels d’offre… pour y répondre.
Une solidarité cachant une complicité condamnable
La solidarité qui naguère était dirigée vers les arrivants en demande d’asile ou de travail ne se verra plus désormais que dans le cadre d’un « dépenser ensemble », fierté de l’Europe qui trouve là un sûr point de ralliement.
Une hache à couper le beurre
L’application de cette folie destructrice des droits, de la liberté de circuler et même du droit de vivre, cette prolifération extraordinaire a besoin d’un objet : elle se fait au détriment de gens précaires et démunis, d’autant plus vulnérable qu’ils sont déracinés.