SOS Méditerranée à Schiltigheim

La politique migratoire au prisme des sauveteurs de SOS Méditerranée

de Valérie Dubach

Du 12 au 20 novembre 2022 s’est tenue une exposition de photos organisée par l’association SOS Méditerranée à la mairie de Schiltigheim .

Le 18 novembre à 18h une conférence est donnée, suivie de la projection du film Immersion.

A la mairie de Schiltigheim

Exposition et témoignage

Les quelques images tirées en grand format et le film qui les replacent dans cet acrobatique et courageux exercice que sont le sauvetage en mer Méditeranée dans l’environnement règlementaire où il se déroule, font suite à des événements ayant défrayé les chroniques : l’errance absurde et ahurissante de l’Ocran Viking refusé de tous les ports pendant trois semaines. L’initiative, par son approche définitivement humaine sur le drame qui se joue en Méditerranée centrale, à travers l’œil de photographes embarqués et par les témoignages des marins et des rescapés recueillis à bord, tente de recueillir des dons et susciter des réactions face à un constat dépassant l’entendement. Elle invite à prendre conscience de la nécessité vitale de mettre en place au plus vite un dispositif institutionnel de sauvetage et de débarquement adéquat en Méditerranée centrale. Cette mesure urgente ne sera mise en place que demandée par la société civile, car la politique migratoire européenne toute entière remet en cause les règles de droit qui font à leurs propres yeux la fierté des démocraties européenne. Alors qu’en l’occurence, leur désinvolture brouillonne et criminelle peut à l’occasion donner lieu à des tragédies, comme celle qui eut lieu le 26 décembre 2021 dans la Manche.

Une politique migratoire migratoire illogique et illégale

Pour ce qui est de l’Ocean Vicking, les pays européens ont bloqué à double titre les sauvetages. Aller à Toulon est très cher et en outre illégal en droit maritime, simplement parce que c’est illogique. Après Mare Nostrum, les opérations menées par FRONTEX avec l’Union Européenne coûtent 14000€ par jour, les missions de sauvetage étant externalisées aux gardes-côtes lybiens, payés bien sûr.

Les photographes de l’exposition sont : Patrick Bar, Susanne Friedel, Flavio Gasperini, Anthony Jean, Kenny Karpov

Avec 20 000 morts depuis 2014, la Méditerranée est devenue la route migratoire la plus dangereuse au monde.

Dure réalité pour certains êtres humains obligés de fuir. Que ce soit au Sahara ou en Méditérranée, les migrations sont des sauts dans l’inconnu. Et les frontières ne sont pas exactement les endroits les plus humains d’aujourd’hui. Au bout de trois semaines sur le bateau Ocean Vicking à la dérive, les naufragés se trouveront finalement privés de droits en France. À nouveau, c’est après quelques jours de forte médiatisation, qu’un port s’ouvre pour accueillir les 230 personnes migrantes avec ce même manque d’humanité. Le 23 novembre dernier au Parlement Européen de Strasbourg, pour réitérer une contestation fortement argumentée et débattue sur ce sujet, le collectif « Pour une autre politique migratoire » a mis à disposition des députés verts et de gauche une banderole d’environ 100 m de long sur laquelle sont inscrits les 17 000 noms, prénoms, nationalités des personnes retrouvées mortes en Méditerranée entre 2002 et 2012 suite à des traversées sur des embarcations de fortune.  

Ce qui attend les passagers à Toulon 

L’association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers, l’ANAFE, réprouve les modalités d’accueil à Toulon : bracelets avec des numéros, pas d’accès à l’interprétariat, ni à l’aide juridique, ni psychologique… 44 des 144 rescapés seront expulsés. Le tableau sera terni.

Ils seront parqués dans des zones d’attente, entièrement surveillés par l’armée. Ce sont des zones de non droits, hors frontières : la France sans être la France. 

Quel sera l’accueil par la France ?

La France n’accueillera que 50 personnes. Les causes de départ dépassent les attendus pour des acceptations de demande d’asile. L’éthique n’est bien qu’une façade, la France n’est pas à la hauteur.

Il s’agit quand même d’une république état de droit démocratique, l’une des plus grandes puissances du monde. Or, cette république fait la différence entre que l’on soit noir ou blanc. Notre terre alsacienne a connu l’exil. Les Schilickois sont partis vers le sud-ouest où ils ont été accueillis malgré leur accent.

1977, « Lilli », une chanson de Pierre Perret qui n’a pas pris une ride

Les membres de SOS Méditerranée

Armande, chargée de collecte pour SOS Méditerranée depuis trois ans est Schilickoise. Delphine est la référente de l’antenne de l’association montée fin 2019. Avec Natacha, Brigitte, Roger, ils sont mobilisés sur l’antenne Strasbourg.

Leur vocation

« C’est une association européenne à l’origine, née de la rencontre entre Sophie Bau et Klaus Vogel à l’occasion de l’arrêt de l’opération Mare Nostrum en 2013, très onéreuse. Il y a un vide humanitaire à ce moment-là en méditerranée où ont disparu 5000 personnes et plus depuis 2014. C’est rare que l’association secoure des gens dont c’est la première traversée, certains en étant à leur sixième, septième tentative. Il y a beaucoup de corruption, d’extorsion aux familles. La majorité des embarcation sont des pneumatiques assemblés ensembles, même pas des bateaux. C’est en Lybie, sur la côte, qu’il y a le plus gros réseau de passeurs.

Historique

Fondée en 2015, à L’initiative de citoyens européens indignés face au drame des naufrages à répétition, L’association SOS MEDITERRANEE a porté secours à plus de 33 000 personnes en affrétant les navires. Sur collecte du grans public, l’AQUARIUS de 2016 à 2018, a porté secours à 30 000 personnes. Il y a eu 6 naissances à son bord. Mais l’Aquarius a perdu son drapeau, les pays successifs ayant été forcés de l’abandonner. C’est L’OCEAN VIKING, un bateau norvégien, qui prendra la relève. Depuis L’été 2019, il a porté secours à 7000 personnes.

La mission de SOS MEDITERRANEE

Sa mission s’inscrit dans le cadre légal de l’obligation d’assistance à toute personne en détresse en mer et se fonde sur les valeurs de fraternité et de solidarité des gens de mer. Face à la gravité de la situation en Méditerranée, elle répond à l’exigence morale d’une action humanitaire professionnelle :

  • SAUVER des vies en mer par des opérations de recherche et sauvetage des embarcations en détresse et par des soins d’urgence délivrés à bord.
  • PROTÉGER par une écoute et un soutien médico-psychologique et par un accompagnement vers un lieu sûr où la vie des rescapés n’est plus menacée et où leurs besoins élémentaires peuvent être satisfaits.
  • TÉMOIGNER des réalités et visages de la migration et rendre hommage aux personnes disparues en mer. Pour sensibiliser L’opinion publique, les institutions et les gouvernements sur Les conséquences d’une tragédie qui se déroule aux portes de l’Europe.

Actualité 

Ces dernières semaines, on a parlé de SOS Méditerranée et de sa nouvelle mission : 234 personnes en 34 jours (4 enfants de moins de 4 ans). Cela fait des années qu’il y a des antennes dans les plus grandes villes. Le rôle des antennes comme Strasbourg est de témoigner de cette protection que nous donnons aux personnes dans leur réalité hors normes et très dure.

Avec le nouveau gouvernement italien, le port n’a pas été donné à l’Ocean Vicking. En attendant de trouver un port, il a bien fallu gérer la situation de ces personnes fragilisées. Les déplacement en mer sont fonction des zones SAR et des responsabilités respectives des pays concernés.

Le financement et les coûts

Financée en grande majorité par des dons privés (aucun financement national ni européen), SOS MEDITERRANEE poursuivra sa mission tant que des hommes, des femmes et des enfants continueront, au péril de Leur vie, à traverser la Méditerranée dans des embarcations impropres à La navigation. L’Ocean Vicking fait actuellement une pause à Marseille pour des travaux techniques puis repartira. Le prix du fioul a augmenté, faisant passer le plein de 14000€ à 20000€, à quoi il faut ajouter l’affrètement du bateau (c’est une location), le salaire des marins (qui sont payés), les frais d’accueil à bord, les dépenses de nourriture, de médicaments, etc. Les trois semaines en mer en attendant l’ouverture d’un port ont bien sûr coûté très cher. C’était du reste une année plus difficile que les précédentes en terme de collecte, même si les dons sont défiscalisés bien sûr. On ressent l’augmentation du coût de la vie.

On peut faire un don sur la plateforme SOS Méditerranée.

Collecte, contributions, témoignages

Il faut être nombreux à dire le besoin du secours. Il faut les faire vivre avec des visages.

Montrer les visages

Pendant la deuxième guerre mondiale, beaucoup de personnes ont été tués comme les homosexuels, les juifs, auxquels les médias n’ont pas donné de visages. Ici, montrer les visages, c’est humaniser. Les personnes en mobilité qui risquent leurs vies en méditerranée ne sont pas des envahissants, ni un problème économique, etc.

Le film

Film Immersion (film de la chaine TATAKI)

Visite et accompagnement des activités du bateau de 30 personnes où le passager Sacha Porchet tient un journal de bord. Tous les passagers sont de nationalité européenne et parlent anglais sur le bateau.

Sacha commence à montrer le boot landing, l’infirmerie, la salle des femmes, les trois bateaux de sauvetage etc.

Le plus jeune rescapé avait 17 jours. 

Les embarcations qui servent aux passeurs sont coulées systématiquement pour éviter que ça se reproduise.

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